Une conférence pour mettre fin au massacre d’animaux
Le 13/02/2014
Les organisateurs de la conférence préconisent «une tolérance zéro» contre les braconniers et autres marchands d’ivoire ou de cornes de rhinocéros.
A l’initiative du gouvernement britannique et des princes Charles et William, la conférence rassemble chefs d’Etat, ministres et organisations internationales. Elle doit permettre de réfléchir à des solutions pour enrayer un trafic en pleine croissance.
De fait, la situation est alarmante à cause d’une recrudescence marquée depuis dix ans du braconnage. Celui-ci met en péril l’existence de plusieurs animaux de la savane africaine et de la jungle asiatique. «Il n’y a pas de temps à perdre» face à «l’ampleur inimaginable» du fléau dans certains pays, a martelé jeudi matin le prince Charles.
La conférence de Londres met l’accent plus particulièrement sur trois espèces emblématiques menacées de disparition à moyen terme: les éléphants d’Afrique, les rhinocéros et les tigres.
En amont de la réunion, plusieurs pays ont symboliquement procédé à des destructions de leurs stocks d’ivoire sur la place publique. Les Etats-Unis se sont engagés à durcir leurs règles face au trafic.
Mais sur le terrain, le massacre continue. En dix ans, 62% de la population des éléphants de la forêt africaine a été décimée et leur survie n’est, à ce rythme, plus assurée. Mille rhinocéros ont été tués l’an dernier en Afrique du Sud, contre… treize en 2007, et le nombre de tigres à l’état sauvage en Asie a chuté de 100’000 à 3200 en cent ans.
Marché lucratif
«Malheureusement tous les rhinos sauvages du monde pourraient tenir dans le stade de Wembley. Et il resterait encore de la place», a déploré le prince William.
Selon les experts, le commerce illégal d’espèces menacées représente un marché de 8 à 10 milliards de dollars par an (7 à 9 milliards de francs) . Une corne de rhinocéros, par exemple, est désormais plus précieuse que l’or, se négociant au prix de 40’000 euros le kilo (près de 49’000 francs).
Symbole de puissance
Le trafic est tiré par une forte demande en Asie, où on attribue des vertus médicinales aux cornes et aux os de tigre. Mais ces pièces, surtout l’ivoire, constituent aussi de plus un plus un symbole de puissance et de richesse, malgré le moratoire sur le commerce de l’ivoire décidé en 1989.
«Ce n’est pas seulement une crise environnementale. C’est devenu une industrie criminelle, à l’échelle de celle des drogues, des armes et du trafic humain», a souligné jeudi le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague.
Accord global souhaité
A la conférence de Londres, la Grande-Bretagne espère trouver un accord global qui inclut à la fois les nations refuges d’Afrique et «des pays comme la Chine ou le Vietnam qui sont destinataires» des produits illégaux.
«Nous devons faire preuve d’une tolérance zéro devant la corruption et afficher l’engagement de tous les gouvernements à n’avoir aucun lien commercial avec des produits issus d’espèces en danger», a insisté William Hague.
Nerf de la guerre
Mais, si plusieurs chefs d’Etat africains ont fait le voyage de Londres, tels les présidents du Botswana, du Tchad, du Gabon et de Tanzanie, «la Chine n’envoie pas d’officiel plus haut placé que son vice-ministre des forêts» et «le Vietnam son vice-ministre de l’agriculture», regrette le quotidien The Times dans son édition de jeudi. Le journal salue la présence de l’acteur Jackie Chan, ambassadeur de la cause.
La conférence espère assécher la demande en interdisant le commerce, traduire les braconniers devant la justice pour briser les réseaux criminels et offrir aux communautés africaines des sources de revenus alternatives.
L’argent reste le nerf de la guerre pour financer des moyens modernes, tels des drones ou des tests ADN. Sachant que le commerce illégal est devenu tellement lucratif que les «Rangers» ne font que rarement le poids face à des braconniers équipés d’armes de guerre et d’hélicoptères.
Source : ATS