Les morsures de chats sont plus graves qu’on ne le pense
Le 12/02/2014
Les morsures de chat vues aux urgences conduisent une fois sur trois à une hospitalisation, et au bloc opératoire dans deux cas sur trois, rapporte une étude réalisée dans un hôpital américain.
Et si l’on sous-estimait les morsures de chat? C’est la question qui vient à l’esprit lorsque l’on découvre l’étude que vient de publier le Dr Brian Carlsen dans le Journal of Hand Surgery. Avec ses collègues de la Mayo Clinic de Rochester (États-Unis), il a repris les dossiers des 193 patients traités entre 2009 et 2011. La moitié était arrivée par les urgences, le reste via la consultation de médecine générale. À la grande surprise des chirurgiens américains, près d’une fois sur trois il a fallu hospitaliser la victime (en moyenne trois jours), et cela s’est même terminé au bloc opératoire pour les deux tiers d’entre eux, afin de pouvoir nettoyer correctement la blessure. En France, on estime entre 250.000 et 500.000 le nombre de morsures, tous animaux confondus, survenant chaque année. Elles conduisent à près de 70.000 recours aux soins.
Complications fréquentes
Les morsures de chat, qui comptent pour 10 à 15 % de l’ensemble des accidents, sont en effet considérées comme des plaies sales. Car la salive des chats est bourrée de germes qui ne sont pas précisément les amis de l’homme. Le plus fréquent, commun d’ailleurs aux chats et aux chiens, est Pasteurella multocida, qui se trouve dans la flore buccale normale de 70 à 90 % des chats. C’est d’ailleurs le germe qui a été retrouvé sur 19 des 50 mises en cultures bactériologiques effectuées dans l’étude américaine. «Les chats ont des petites dents pointues qui peuvent s’enfoncer profondément dans les tissus mous et inoculer des bactéries dans des espaces fermés, comme les gaines des tendons, les articulations, les os». Un peu comme si une aiguille souillée s’était plantée profondément dans la chair. D’où la nécessité d’un lavage immédiat et soigneux de la plaie à l’eau et au savon.
D’ailleurs, les complications se sont avérées fréquentes avec 6 abcès, 14 lésions tendineuses, 2 lésions de nerfs et 14 réductions de mobilité de l’articulation lors des visites de suivi. Les auteurs signalent que la présence d’un gonflement, d’une rougeur ou une morsure en zone sensible (articulation, tendon) constituent les trois facteurs de risque de complication qui justifient d’un traitement vigoureux, notamment par antibiotiques. La majorité des morsures de chat se produisent aux mains ou aux poignets et, dans l’étude de la Mayo Clinic, 44 % des blessures s’étaient en outre produites au niveau d’un tendon ou d’une articulation. Le danger est alors que l’infection n’abîme ces deux structures au-delà de la seule réaction inflammatoire.
En cas de simple griffure, le geste recommandé consiste à nettoyer la plaie à l’eau savonneuse ou avec un désinfectant.
Source : Le Figaro