Un traitement contre le cancer caché dans les excréments du chat ?
Le 25/11/2014
Un parasite très répandu qui se retrouve dans les déjections des chats, et des félidés en général, pourrait servir à mettre au point une immunothérapie anti-cancer.
IMMUNOTHÉRAPIE. Derrière la puanteur de sa litière, le chat cacherait-il le secret d’un traitement anti-cancer ? En caricaturant un peu, c’est ce qu’on pourrait retenir d’une étude relevée par nos confrères du Daily Geek Show et menée par des chercheurs en immunologie de l’École de médecine de l’université du New Jersey.
Ces derniers ont étudié un parasite que l’on retrouve dans les excréments du chat et des félidés en général, le Toxoplasma gondii. Et notamment sa capacité à stimuler le système immunitaire de façon à ce que l’organisme puisse détecter et attaquer les cellules cancéreuses. Selon les pays, ce parasite très répandu se retrouve, chez 7% à 80% de la population humaine. C’est lui qui est à l’origine de la toxoplasmose, une infection bénigne dans la plupart des cas.
« Nous savons que ce parasite peut stimuler les bonnes réponses immunitaires afin de combattre le cancer », a déclaré le Dr David Bzik, professeur en microbiologie et co-auteur de l’étude.
L’idée des chercheurs est qu’il serait possible de se servir du Toxoplasma comme d’un vaccin. Car ils ont constaté qu’une fois infecté par le parasite, l’organisme va contre-attaquer en produisant des lymphocytes TC, des cellules jouant un rôle déterminant dans la réponse immunitaire. Mais des cellules qui sont neutralisées par les tumeurs.
« La biologie de ce micro-organisme est intrinsèquement différente des autres microbes utilisés en immunothérapie qui se contentent de stimuler les cellules immunitaires », explique le Dr Barbara Fox de l’Ecole de médecine Geisel à Hanovre (Allemagne). La particularité du Toxoplasma est de provoquer une sorte de « redémarrage du système immunitaire » en poussant l’organisme à produire des cellules TC. « Notre Toxoplasma gondii modifié reprogramme la puissance naturelle du système immunitaire » au lieu de tenter de le « réveiller », précise la chercheuse.
IMMUNOTHÉRAPIE. Encore confidentielle il y a quelques années, cette approche qui cherche à booster le système immunitaire pour lutter contre les tumeurs, occupe désormais une place d’honneur dans la lutte contre le cancer. Pour preuve, l’intérêt grandissant que lui portent les spécialistes réunis au 50e congrès de l’ASCO (Société américaine d’oncologie clinique) en juin 2014, la plus grande conférence internationale consacrée au cancer.
Pour vérifier leur hypothèse, les chercheurs ont modifié génétiquement le Toxoplasma gondii de façon à lui faire perdre sa capacité de reproduction. Ils se sont ensuite servi de ce parasite modifié pour infecter un groupe de souris atteintes de mélanomes agressifs et de cancers des ovaires. Il s’est avéré que ces souris survivaient plus longtemps à leur cancer que celles du groupe témoin qui n’avait pas été infectées par le Toxoplasma.
Une preuve de concept
Les résultats de cette étude publiée dans les PNAS, la revue officielle de l’Académie des sciences américaine, ouvre ainsi une nouvelle piste dans la recherche en immunothérapie contre le cancer. Le parasite génétiquement modifié « a stimulé de façon incroyablement efficace la réponse immunitaire au cancer, plus que tout ce qu’on avait pu constater jusqu’alors », se réjouit ainsi le Dr David Bzik.
Les chercheurs estiment bien sûr que des recherches plus poussées seront nécessaires avant l’utilisation clinique de cette stratégie thérapeutique. Ils cherchent à présent à comprendre les mécanismes qui sous-tendent l’efficacité de leur traitement.
Source : Sciences et Avenir