L’Etat responsable des décès d’animaux dus aux algues vertes
Le 25/07/2014
Pour la première fois, la justice a reconnu la responsabilité de l’Etat français dans les conséquences sanitaires de la prolifération des algues vertes sur les côtes.
La cour administrative d’appel de Nantes l’a condamné à indemniser M. Petit à hauteur de 2 200 € plus les frais de justice.
Cet homme avait perdu son cheval lors d’une promenade sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, dans les Côtes d’Armor, où il s’était rendu en 2009. Le cheval avait péri dans une vasière profonde de 1,5 mètre, enfoncé jusqu’à l’encolure. Le gaz toxique sulfure d’hyrogène (H2S), dégagé par les algues en putréfaction qui l’entouraient, a entraîné sa mort, comme l’a prouvé l’autopsie : les poumons de l’animal étaient remplis de sang.
M. Petit, lui, avait également été intoxiqué par ce gaz. En septembre 2011, deux rapports avaient prouvé que le sulfure d’hydrogène est responsable des décès d’animaux observés ces dernières années sur les plages (sangliers, ragondins et blaireaux).
En cause, la pollution découlant des élevages intensifs
Sur les côtes bretonnes, l’Ineris avait mesuré des concentrations de gaz jusqu’à 3 000 mg/m3. Or, à partir de 2 400 mg/m3, celui-ci peut être létal pour l’homme. Des constatations renforcées par les observations de l’ANSES, auteure du second rapport.
Si les plages de Bretagne sont chargées d’algues vertes, principalement Ulva armoricana, la cause est à rechercher dans les pratiques agricoles de la région, très vouée à l’élevage porcin. Les cours d’eaux et les côtes subissent les effets de la pollution générée par le lisier des porcs : riche en dérivés de l’azote, il favorise la croissance des algues par un phénomène connu sous le nom d’eutrophisation.
La directive européenne sur les nitrates, qui encadre cette pollution, n’a peut-être pas été suffisamment respectée dans la région, de l’aveu du ministre de l’agriculture lui-même, Stéphane Le Foll. Les éleveurs de porcs ont normalement l’obligation de restreindre les périodes d’épandage de lisier dans les champs, et de le stocker le reste du temps.
La Cour européenne de justice à Bruxelles devrait se prononcer en septembre pour décider si la France n’a pas suffisamment fait respecter la loi, et la sanctionner le cas échéant.
Source : Science et Vie