Les animaux ont souffert de la chute de l’Union soviétique
Le 21/01/2015
Les ours préféraient l’URSS. D’après une étude publiée dans Conservation Biology, les grands mammifères qui peuplaient l’ex-Union soviétique ont payé un lourd tribut après l’effondrement du bloc de l’Est en 1991.
«Nous avons démontré qu’il y avait eu un déclin simultané des sangliers, des ours bruns et des élans dans la plupart des régions de Russie au début des années 1990, juste après l’effondrement de l’Union soviétique», explique la chercheuse américaine Eugenia Bragina à la BBC.
Les sangliers perdent du terrain
Pourtant, ces trois espèces ne vivent pas dans les mêmes milieux: alors que les élans apprécient les forêts, les sangliers cherchent plutôt leur nourriture dans les champs. Pour les scientifiques, ce n’est donc pas la dégradation d’un milieu en particulier qui est la cause de la baisse du nombre de grands mammifères.
La raison est plutôt à rechercher du côté du choc socioéconomique qui a suivi la chute de l’URSS et la multitude de conséquences qu’elle a eue sur la gestion de la nature: «Pour les sangliers, l’explication est sûrement la perte de cultures dans lesquelles ils fourrageaient, car les garde-chasses ont cessé de les entretenir», poursuit Eugenia Bragina.
Le nombre de sangliers, qui avait diminué de moitié durant les années 1990, recommence toutefois à augmenter: «Ce sont des espèces qui s’adaptent très bien. Après quelques années, elles ont trouvé d’autres sources d’alimentation et ont réussi à survivre, elles vont bien maintenant», nuance la chercheuse.
Les chevreuils et les ours bruns seraient eux aussi en voie de rétablissement. Quant au loup, il hurle d’aise: les incitations à le chasser ayant été abandonnées après 1991, sa population a augmenté de 150% durant la décennie suivante.
L’impact de la politique sur la nature
Sans vouloir réhabiliter le régime soviétique, les scientifiques ont mis pour la première fois en évidence les impacts d’un choc politique et économique sur la biodiversité. «Quand cela arrive, on ne prête pas attention à ce qui se passe dans la nature, estime Eugenia Bragina.
Bien, lorsque la pauvreté augmente rapidement comme ce fut le cas en Russie dans les années 1990, il n’y a plus de ressources pour gérer l’environnement. Je pense que c’est à ce moment-là que les associations de conservation internationale devraient intervenir. Sinon, on pourrait découvrir que des espèces emblématiques sont mises en péril.»