« L’animal de compagnie n’est pas un humain à 4 pattes »
Le 21/12/2012
Qu'est-ce qui rend si fort l'attachement pour un animal?
François BEIGER. – Le lien qu'on a avec son animal domestique est un lien de complicité: cette relation se construit surtout dans les grands moments de doute ou de solitude que tout humain doit traverser. L'animal comprend alors parfaitement qu'on a besoin de lui. Il faut savoir que l'homme dégage des ondes et des odeurs particulières selon qu'il ressent de la peur, de la colère ou du plaisir. Or un chat, par exemple, a l'odorat 200.000 fois plus aiguisé que le nôtre. Il perçoit donc avec acuité l'état psychique de son maître. D'ailleurs, la plupart des propriétaires considèrent leur compagnon à quatre pattes comme un confident à qui il est toujours possible de parler. C'est cet aspect inconditionnel de l'écoute animale qui fonde un lien si fort. Il est magnifique de voir comment même des personnes atteintes d'Alzheimer peuvent se remémorer les chats ou les chiens qu'elles ont eus dans leur vie passée… Quand l'animal meurt, c'est vraiment une relation qui disparaît.
En zoothérapie, vous utilisez l'animal comme médiateur pour apprendre aux patients à créer des relations… En quoi un chien ou un cheval sont-ils si équilibrants?
Grâce à l'animal, le thérapeute va pouvoir par exemple faire parler le patient, qu'il s'agisse d'un jeune désocialisé ou d'une personne âgée atteinte de dégénérescence cérébrale… On s'appuie sur la réalité des séances pour dialoguer, faire passer des consignes. Ainsi, dès le premier rendez-vous, on évoque la séparation à venir, incontournable, d'avec l'animal qui accompagne la thérapie pendant un temps limité, un an ou deux au maximum.
On apprend aussi au patient que le chien ou le cheval peut être malade, fatigué. Ainsi, la personne va être responsabilisée pour s'occuper avec attention de l'animal. À travers les temps de toilette, elle comprend qu'il est fondamental de se laver. Quand il faut nourrir le chien, elle apprend les vertus de la régularité des repas quotidiens. À bien traiter l'animal, elle apprend à bien se traiter elle-même. Mais l'essentiel de la médiation animale, c'est qu'elle redonne le goût d'être en relation et de rester respectueux de l'autre. Résultat: l'estime de soi du patient s'en trouve augmentée!
Selon leur espèce ou leur race, les animaux nous apprennent-ils des liens différents?
Oui, bien sûr. Tout part de ce constat que l'animal nous invite à nous comprendre nous-même. Ainsi, un chat nous enseigne ce que c'est qu'être autonome. Il est là, mais soudain n'a plus envie d'être caressé et il s'éloigne… Car c'est lui qui décide. Grâce à lui, nous pouvons découvrir que dans toute relation l'autre a sa part de liberté. Le chien, lui, nous invite à ne pas le transformer en objet: il a besoin d'un maître qui reste le dominant à la maison, d'un contact régulier avec la nature, sinon il perd ses capacités. N'en faisons pas un humain à quatre pattes! Il doit rester un complice, un être vivant que l'on respecte et qui nous respecte aussi.
Source : Le Figaro Santé