La Peta compare les animaux et les handicapés mentaux
Le 26/08/2015
Sur son site Internet, l’association de défense des animaux compare les droits des bêtes aux droits des handicapés mentaux. Un parallèle qui a suscité un tollé sur les réseaux sociaux.
L’association de défense des animaux Peta est au coeur d’une polémique dont elle se serait bien passée. Depuis mardi, elle fait face à de nombreuses critiques des internautes pour avoir publié sur son site internet une analogie douteuse entre les animaux et les handicapés mentaux. Dans la Foire aux Questions du site de la branche française, l’association écrit: «Chaque animal devrait avoir des droits indépendamment de l’intérêt que cet animal peut présenter pour les humains, qu’il soit mignon ou pas, que son espèce soit menacée de disparition ou pas, qu’un humain y soit attaché ou pas (de la même façon, un handicapé mental a des droits, même s’il n’est pas mignon ou si personne ne l’aime)» était-il écrit sur le site internet de l’ONG.
Cette formulation était en ligne depuis la création du site internet en 2007, mais elle était passée inaperçue jusqu’à ce que le blog Wheelcome relève la comparaison. «Chère Peta, c’est très généreux de votre part, mais avez-vous pété un plomb? (sic)» questionne le blog. Il n’aura pas fallu longtemps pour que l’indignation s’empare des réseaux sociaux. Mercredi, deux associations de défense des personnes handicapés ont annoncé avoir déposé plainte à l’encontre de la Peta, demandant «des excuses publiques».
L’association a supprimé le raccourci de son site internet quelques heures après comme le confiait Isabelle Goetz, la porte-parole de l’ONG au Huffington Post, mardi. Elle expliquait être «navrée de cette erreur d’interprétation» regrettant «une formulation maladroite».
Mardi, dans une série de tweets, l’association se justifiait en affirmant qu’«il n’y a pas si longtemps, beaucoup d’humains étaient traités comme des objets. Par exemple, on enfermait les personnes handicapées parce qu’elles étaient considérées comme sans valeur pour la société.» L’association explique comprendre «aujourd’hui qu’aucune discrimination ne doit être tolérée». La Peta précise qu’«il est inadmissible de faire des discriminations entre les animaux au même titre qu’il est inadmissible de faire des discriminations entre les humains». Sur son compte twitter, la Peta continuait à délivrer son message en faveur des animaux.
L’allusion aux personnes handicapées
Par ailleurs, d’autres parallèles entre les animaux et les handicapés mentaux sont toujours en ligne sur le site de la Peta. Dans la suite de sa Foire aux Questions, l’association dont Zahia est l’égérie expose qu’«un animal est sans doute incapable de comprendre et de respecter nos règles, mais cela peut aussi s’appliquer à un enfant ou d’un handicapé. Nous n’en concluons cependant pas que les enfants et les handicapés n’ont pas de droits».
Une affaire qui n’est pas inédite pour l’association au niveau mondial. La Peta a déjà fait l’objet de polémique sur son traitement choc de la condition animale avec des sujets de société. En 2012, l’organisation avait utilisé le thème de la violence conjugale pour promouvoir son action en faveur du véganisme. La vidéo mettait en scène une femme souffrant de contusions après que son compagnon soit devenu une star du porno tantrique grâce à son alimentation végétarienne. Tout un programme.
Pire, en 2003, l’ONG internationale comparait l’abattage du bétail à l’Holocauste pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans une exposition intitulée «l’Holocauste dans votre assiette» à San Diego et Los Angeles, l’association mêlait des images de personnes déportées en camp de concentration avec des photos d’animaux destinés à l’abattage. Pour tenter de faire profil bas, l’ONG s’était fendue d’un appel à soutien en direction de la communauté juive. A l’époque, un article du Guardian relayait la réaction d’Abraham Foxman, survivant de l’Holocauste et président de l’Anti-Defamation League, une ONG de soutien contre toute forme d’antisémitisme. Il y expliquait que «la tentative d’approbation (de la campagne auprès de la communauté juive, ndlr) était scandaleuse et outrageante».
La réaction de Peta
L’association souhaite apporter la précision suivante:
«Il n’y a pas si longtemps, beaucoup d’humains étaient traités comme des «objets» et on enfermait les personnes handicapées dans des institutions parce qu’elles étaient considérées sans valeur pour la société et «embarrassantes» pour leurs familles. Fort heureusement nous comprenons aujourd’hui qu’aucune discrimination ne doit être tolérée à l’encontre d’une personne, que ce soit sur des critères d’apparence ou d’aptitude physique, son genre ou son âge, et le progrès de notre société passe aussi par le fait d’embrasser l’idée qu’il ne faut pas accepter l’irrespect et la discrimination envers d’autres espèces. Nous pouvons avoir honte de cette vision étriquée et sectaire du passé, mais notre incapacité à s’interroger sur le traitement actuel de ceux que nous percevons comme «différents» est un risque à l’évolution morale de notre société. Notre défi présent est d’utiliser les leçons du passé, et c’est exactement ce que fait PETA. Comme le disait Martin Luther King Jr. «Une injustice, où qu’elle soit commise, est une menace pour la justice partout ailleurs.»
Source : Le Figaro