En Grande-Bretagne, la victoire des blaireaux

En Grande-Bretagne, la victoire des blaireaux

Le 07/04/2014

En Angleterre, les blaireaux sont accusés de transmettre la tuberculose bovine.

Les blaireaux viennent de gagner une bataille décisive au Royaume-Uni. Après des années de débats scientifiques et de bras de fer entre les défenseurs des animaux et les agriculteurs, le gouvernement a décidé, jeudi 3 avril, de ne pas étendre la campagne d’abattage qui vise cette espèce de mustélidés. Les petites bêtes à poils noir et blanc, défendues très médiatiquement par Brian May, l’ancien guitariste de Queen, obtiennent donc un répit.

Voilà des années que les blaireaux sont au centre de très vifs débats outre-Manche. Ils sont accusés d’être le vecteur de la tuberculose bovine, une maladie qui fait des ravages. En 2013, 26 000 vaches ont été abattues dans le pays après avoir été contaminées. Dans les endroits les plus touchés, près de la moitié des cas ont « directement ou indirectement » été transmis par les blaireaux, selon le gouvernement.

ABATTAGE DANS UN CLIMAT TENDU

Comment enrayer le fléau ? Depuis 2011, le gouvernement conservateur plaide pour une large campagne d’abattage. Et ce, alors qu’une étude scientifique menée dans les années 1990 montre qu’une telle méthode n’est guère efficace : la tuberculose est légèrement réduite dans la zone où est effectuée la chasse, mais elle augmente dans les régions voisines, où les animaux se réfugient.

Avançant coûte que coûte, Owen Paterson, le ministre de l’environnement de David Cameron, a malgré tout donné son feu vert, en septembre 2012, à plusieurs projets pilotes d’abattage. Des chasseurs ont été recrutés avec l’objectif de tuer 70 % des blaireaux dans plusieurs zones du Somerset et du Gloucestershire (ouest de l’Angleterre). L’abattage s’est passé dans un climat tendu. Les pro-blaireaux se sont mobilisés, campant des nuits entières afin de surveiller les méthodes employées. La police a dû intervenir pour éviter les échauffourées.

Le résultat de ce maelström vient de tomber. Le verdict est catastrophique pour le gouvernement. Au lieu des 70 % d’abattage, les chasseurs n’ont réussi à atteindre qu’entre 25 % et 37 % des blaireaux, voire 48 % en ajoutant un système de trappes. Pas assez pour être efficace.

Pis : les chasseurs sont souvent maladroits, et de 7 % à 22 % des animaux mettent plus de cinq minutes à mourir, une limite au-delà de laquelle les souffrances sont considérées comme excessives.

Face à ces résultats, Owen Paterson a été contraint de faire marche arrière. Lui qui envisageait d’étendre rapidement l’abattage à quarante nouvelles zones, abandonne son idée. A la place, il propose une grande stratégie qui vise à éradiquer la tuberculose bovine d’ici… à 2038.

Il préconise une campagne de vaccination pour les blaireaux et veut accélérer la mise au point d’un vaccin pour les bovins. Il souhaite aussi mieux encadrer le déplacement des vaches. Autant de méthodes qui sont recommandées depuis longtemps par ses opposants.

Pour autant, les blaireaux doivent continuer de se méfier. Le ministre de l’environnement maintient les projets pilotes actuels, qu’il veut mener au bout de leur période de quatre années, et a dit se réserver toujours le droit d’étendre l’abattage à d’autres zones…

Source : Le Monde

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