Une filière illégale d’antibiotiques pour animaux démantelée
Le 12/04/2013
Une filière illégale de fourniture d'antibiotiques à hautes doses destinés à des animaux d'élevage vient d'être démantelée dans le Puy-de-Dôme.
La gendarmerie d'Auvergne a annoncé, dans la soirée de jeudi 11 avril, la mise en examen de trois vétérinaires et de deux pharmaciens qui, depuis plusieurs années, délivraient de grandes quantités de médicaments vétérinaires à des centaines d'éleveurs, sans suivi sanitaire ni examen des animaux.
Outre leurs mises en examen survenues mercredi 10 et jeudi 11 avril, ces professionnels du Puy-de-Dôme ont été placés sous contrôles judiciaire avec interdiction d'exercer pour quatre d'entre eux. Il leur est aussi reproché d'avoir ouvert un établissement pharmaceutique sans autorisation, et d'avoir cédé de grosses doses de médicaments (antibiotiques, anti-inflammatoires, antiparasitaires) sans justificatifs.
"Ces professionnels de la santé sont soupçonnés de manquements graves à la réglementation favorisant le développement d'antibiorésistance chez l'animal et l'homme", a aussi relevé un communiqué du ministère de l'intérieur signé de la gendarmerie de l'Auvergne.
"ENTENTE COMMERCIALE"
Les surdoses animales d'antibiotiques favorisent l'émergence de bactéries résistantes à ces traitements. Or les antibiorésistances ne se transmettent pas uniquement entre hommes mais aussi par les animaux et l'environnement. Une bactérie résistante dont le porteur est un animal peut être transmise, par contact direct ou par la consommation d'aliments, à l'homme.
"Certains des pharmaciens et des vétérinaires mis en examen sont membres d'un même groupement d'intérêt économique (GIE) matérialisant ainsi leur entente commerciale", a précisé la gendarmerie. La justice les soupçonne d'avoir "significativement développé leurs activités respectives en prescrivant et en délivrant depuis plusieurs années de grandes quantités de médicaments vétérinaires à des centaines d'éleveurs sans suivi sanitaire effectif des animaux concernés".
"ORDONNANCES DE COMPLAISANCE"
De même, l'enquête judiciaire a révélé que les vétérinaires rédigeaient aux éleveurs des "ordonnances de complaisance, hors examen clinique des animaux et sans réaliser le suivi sanitaire permanent prescrit par le code de la santé publique". Les pharmaciens délivraient quant à eux les médicaments vétérinaires "directement aux éleveurs, parfois en l'absence de prescriptions, celles-ci étant au besoin régularisées a posteriori par les vétérinaires".
La majorité des médicaments massivement délivrés étaient des antibiotiques, anti-inflammatoires et des antiparasitaires, principalement utilisés "soit pour des animaux d'élevage destinés au marché de la viande et du lait, soit pour des animaux domestiques recueillis dans des SPA et destinés à l'adoption".
Source : Le Monde