Sous leurs airs coupables, les chiens ont bonne conscience
Le 05/05/2015
Les chiens ne sont pas les derniers quand il s’agit de faire des bêtises… Et lorsqu’ils sont pris en flagrant délit, ils nous offrent un regard coupable… qui ne trahit pourtant pas la mauvaise conscience chez notre animal !
BÊTISES. Alors que vous ouvrez la porte, vous découvrez une pièce sans dessus-dessous : peluches déchiquetées, emballages alimentaires déchirés, mouchoirs en mille morceaux, et au milieu de tout cela, votre chien. Tout propriétaire normalement constitué perd un peu de son sang-froid dans ces moments-là (particulièrement si un des objets qui gît sur le sol avait une valeur quelconque à ses yeux) et en vient à hausser le ton.
Votre chien vous offre alors un regard fuyant, une petite mine. Une attitude de coupable, à coup sûr, car il sait son forfait !… Il fallait un peu plus que ce constat à l’équipe de Ljerka Ostoji des universités de Cambridge (Grande-Bretagne) et de Rejika (Croatie), qui ont décidé de comprendre pourquoi nos animaux adoptaient cette posture.
Preuve du forfait ou culpabilité effective ?
Les chercheurs ont testé ces deux pistes pour voir ce qui causait le regard « coupable ». 96 chiens et leur propriétaire se sont prêtés à l’expérimentation. Dans une pièce familière à l’animal, un expérimentateur déposait à manger en présence du chien et du maître. Le propriétaire intimait alors à son chien l’ordre de ne pas toucher à la nourriture puis quittait la pièce.
L’expérimentateur ôtait alors la nourriture ou laissait l’animal la manger, puis remplaçait ou non la gamelle (vide ou pleine) par une gamelle pleine. Le propriétaire entrait alors dans la pièce et devait dire, sans pouvoir vérifier l’état de la gamelle et en observant son chien 10 secondes, si l’animal avait outrepassé l’interdit.
Sur internet, les propriétaires ont préféré rire des bêtises de leur chien en créant le « dog shaming ». (à gauche : « j’ai essayé de faire des sandwichs mais j’ai réalisé ensuite que je ne savais pas comment faire »/ à droite : « j’ai arraché la tête d’un éléphant en peluche »)
Si le regard coupable traduit une conscience coupable, seuls les chiens ayant mangé la nourriture doivent être repérables. Si l’air coupable se manifeste parce que les preuves du forfait sont visibles, il doit être présent chez les chiens dont la gamelle n’a pas été remplacée. S’il est dû aux deux facteurs, les animaux ayant mangé et dont la gamelle n’a pas été remplacée doivent pouvoir être démasqués.
Pas de culpabilité dans ce regard coupable
Le résultat de l’étude est surprenant : aucun propriétaire n’a pu deviner si son chien avait ou non mangé le contenu de la gamelle. Le regard coupable ne serait donc dû ni à la culpabilité ni à la présence de preuves compromettantes sur les lieux du forfait. Une fois de plus, nous anthropomorphisons notre animal. Mais alors que signifie ce regard, si ce n’est pas la manifestation d’une mauvaise conscience ?
Selon l’étude d’Alexandra Horowitz du Barnard College (États-Unis), il s’agirait de la réponse du chien face à un comportement négatif de son maître : remontrances, punitions… Et si notre compagnon canin n’a pas commis de forfait, il est d’autant plus surpris de se faire enguirlander. Il affiche alors un regard encore plus « coupable », qui n’a donc de coupable que le nom.
Source : Sciences et Avenir