NEPAL. Des chiens au secours des victimes du séisme

NEPAL. Des chiens au secours des victimes du séisme

Le 30/04/2015

Des équipes cynotechniques tentent de retrouver les survivants du séisme dans la région de Katmandou. Parmi eux, trois chiens français. Portraits de ces sauveteurs singuliers.

HÉROS. Hatos et deux de ses compagnons sont arrivés au Népal dimanche 26 avril 2015 au soir. Et depuis lundi 27, ils font tout ce qu’ils peuvent pour retrouver des survivants sous les décombres des habitations dévastées par le tremblement de terre survenu samedi 25. Leur aide est précieuse : grâce à leur flair et à une formation spéciale, ces chiens sauveteurs sont capables de détecter la présence de victimes ensevelies. « Notre équipe cynotechnique a commencé par la ville de Bahktapur (située à 13 kilomètres à l’est de Katmandou et à 1.400 mètres d’altitude) », raconte Philippe Besson, président et fondateur de Pompier de l’Urgence Internationale (PUI), la seule ONG française classifiée par l’ONU.

Hatos, un malinois de l’équipe de pompiers français sur place au Népal.

« Les deuxième et troisième jours, nous avons été engagés sur Katmandou. Maintenant on voudrait aller dans les villages extérieurs, poursuit Philippe Besson. Mais ils sont accessibles seulement par hélicoptère, alors on négocie pour en avoir un rapidement, car le temps commence à passer… ». Or, les chances de retrouver des survivants s’amenuisent de jour en jour. Les équipes cynotechniques françaises des PUI ont été rejointes à Paris par les espagnoles de l’IAE, avec qui elles sont habituées à opérer. Et depuis mercredi 29 avril, elles travaillent de concert avec les équipes chinoises (62 sauveteurs dont 6 chiens) rencontrées à Katmandou.

Chiens pompiers, spé décombres

Qui sont ces chiens sauveteurs ? « Nous avons dix chiens et six maîtres-chiens dans notre structure, explique Philippe Besson. Environ les trois quarts sont des professionnels et l’autre quart est composé de pompiers volontaires. Le chien appartient à son maître, rarement à la caserne. Le maître a une double casquette : il est avant tout pompier, spécialisé dans l’intervention à l’étranger, mais c’est également un maître-chien. Le chien est choisi par le futur maître, avec l’aide du conseiller technique, c’est-à-dire le pompier maître-chien le plus expérimenté. Car c’est comme un couple : il faut que les caractères s’accordent. Par exemple, pour un pompier un peu hyperactif, il faut un chien calme ».

CARACTÈRE. Le chien est généralement choisi jeune, dans un élevage bien connu pour ses méthodes calmes. « Ce sont souvent des Malinois, comme Hatos. Les Espagnols, eux, ont un Labrador. La race n’a pas beaucoup d’importance, il peut même s’agir d’un bâtard. Nous avons également déjà pris un chien à la SPA. C’était un excellent chien. Le problème c’est que l’on connaît souvent moins bien son passé. Or c’est un élément important : nous devons nous assurer que le chien ne sera jamais agressif. Nous ne pouvons pas risquer qu’il morde une victime ! »

FORMATION. Le chien arrive généralement vers l’âge de 3 – 4 mois. Sa formation est progressive : d’abord des exercices d’obéissance classiques, « Le but est de lui apprendre à chercher. D’abord son ‘doudou’, son jouet préféré. Puis son maître. Et enfin des personnes étrangères », résume Philippe Masson. Puis les scénarios se compliquent et les entraînements visent à désensibiliser le chien : « On lui fait traverser un petit gué pour qu’il n’ait pas peur de l’eau, on l’habitue à travailler dans le bruit, avec un feu à proximité. Mais aussi à ne pas manger la nourriture trouvée lors d’un exercice, car si l’on intervient dans un supermarché, il ne s’agit pas que le chien se mette à manger tout ce qu’il trouve plutôt que de chercher les victimes ! ».

Pour le chien, c’est un jeu » – Philippe Besson, président de Pompier de l’Urgence Internationale.

D’ailleurs la récompense que le chien obtient pour avoir cherché convenablement, n’est jamais une friandise. « Il reçoit son jouet favori, une sorte de manchon qu’il aime mâcher ». Et pour le réprimander ? « Uniquement par la voix. Nous ne sommes jamais violents avec le chien : il ne faut pas lui apprendre l’agressivité ». Le chien apprend à chercher et à « marquer » lorsqu’il détecte la présence de quelqu’un. « Son attitude de marquage varie : il aboie généralement, mais il peut aussi gratter. Seul son maître le connaît suffisamment pour savoir s’il effectue un marquage ». En 2 à 3 ans, le chien est fin prêt. Il passe un test afin de valider ses aptitudes. Il travaillera jusqu’à environ 8 ans.

Le chien et son maître forment un binôme unique, comme ici au Népal.

MISSION. Les chiens aiment-ils leur « métier » ? « Les chiens sont entraînés quotidiennement : pour eux c’est du jeu. Ils sentent néanmoins la différence lorsque nous partons en mission. Mais ils sont alors très excités et de joie ! ». Un peu comme lorsqu’un chien lambda part en promenade avec son maître. Quant au Népal, la mission se déroule bien pour le moment. Les chiens n’ont pour l’heure pas retrouvé de personnes vivantes. « Notre mission est prévue jusqu’au 5 mai. Nous sommes en train de voir si nous pourrons envoyer une relève. Pour le moment il y a de grandes difficultés logistiques. L’aéroport de Katmandou est saturé, car il n’a qu’une seule piste ».

Source : Sciences et Avenir

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