Moitié moins d’animaux sauvages en quarante ans
Le 30/09/2014
Le constat est alarmant, mais il faut raison garder. En quarante ans, entre 1970 et 2010, la moitié des populations d’animaux sauvages ont disparu dans le monde, selon le dixième rapport biennal de l’ONG WWF, publié mardi, en coopération avec plusieurs institutions, dont la Zoological Society of London.
Les populations de 3038 espèces d’amphibiens, de mammifères, d’oiseaux, de poissons et de reptiles ont reculé de 52 % sur la période, précise le rapport «Planète vivante». En revanche, le document ne comptabilise pas la perte de biodiversité, ou, autrement dit, la disparition de nombreuses espèces.
Cette chute des populations ne peut pas être comparée à celle de 28 % estimée en 2012 par la même ONG. La raison est simple. La mesure de l’indice a été profondément modifiée. Pour tenir compte de toutes les zones géographiques, et alléger le poids de l’Europe et de l’Amérique du Nord où les recensements d’animaux étaient plus complets et tenir compte de l’activité des pays émergents, l’association a bâti un nouvel indice qui permet de pondérer le poids relatif de 10 380 de populations de vertébrés dans le monde. «L’indice n’est pas comparable à celui de 2012, mais il donne tout de même une tendance significative sur une diminution nette des populations de vertébrés dans le monde», confirme Claude Miaud, chercheur au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier, qui a contribué à l’évaluation des populations de reptiles et amphibiens. De plus, le rapport agrège 2 337 sources de données différentes.
La baisse des populations d’animaux semble inversement proportionnelle à la richesse des pays. Mais cela s’explique car, «en Europe, les activités humaines ont contribué à la diminution des espèces d’animaux sauvages dès le XVIIIe siècle, notamment à cause de la déforestation», ajoute le chercheur. Le mal est donc déjà fait dans les pays occidentaux. En attendant, l’Amérique latine (- 83 %) paye le plus lourd tribut, suivie de près par la région Asie-Pacifique. Par ailleurs, les espèces de vertébrés qui vivent en eau douce sont les plus sévèrement touchées (- 76 %).
Ces chutes du nombre d’animaux sont liées aux activités humaines et à l’évolution de la population, à près de 7 milliards d’habitants contre 3,7 milliards en 1970… L’agriculture intensive, la surpêche, la chasse, l’altération ou la destruction des habitats des animaux sont les principales causes mises en avant par l’ONG. Tandis que le réchauffement climatique et la pollution n’expliqueraient qu’à 11 %, pour l’instant, la chute des populations.
La biodiversité dans les villes
De nombreux exemples illustrent ces baisses. Selon le WWF, l’éléphant des forêts du centre et de l’ouest de l’Afrique n’avait plus que 6 % à 7 % de son aire historique d’habitat en 1984, par rapport à celle de 1900. De plus, le braconnage pour leur ivoire a entraîné une chute du nombre d’éléphants de 60 % entre 2002 et 2011. Par ailleurs, il ne reste plus que 880 gorilles de montagne qui vivent en liberté, dont 200 dans le parc national des Virunga, en République démocratique du Congo. «Même s’ils restent en danger, ce sont les seuls grands singes dont le nombre a augmenté. Il faut remercier des efforts intensifs de conservation», se félicite le rapport. C’est un moyen pour l’ONG de mettre en avant «les aires protégées où les populations d’animaux sauvages s’en tirent mieux». Dans ces zones, ces espèces ont accusé une baisse de 18 % en quarante ans. D’autres animaux, comme les tigres au Népal, dont le nombre a augmenté de 63 % de 2009 à 2013, sont pris en exemple pour justifier des mesures de conservation et saluer des initiatives gouvernementales.
Il reste que cette étude du WWF s’intéresse à une infime partie du règne animal à l’état sauvage. «Au moins 90 % du nombre des espèces ne sont pas des vertébrés», rappelle Claude Miaud. Mais pour faire prendre conscience des dangers qui nous menacent et tenter de changer les comportements humains, un grand singe, un tigre ou un éléphant sont plus évocateurs qu’un ver de terre, un moustique ou une paramécie.
Signe également que le nombre de populations animales se réduit dans la nature, les écologues se penchent de plus en plus souvent sur la biodiversité dans les villes!