Les animaux rapetissent avec le réchauffement climatique

Les animaux rapetissent avec le réchauffement climatique

Le 12/11/2011

Certaines espèces animales et végétales ont diminué de taille avec l'augmentation de la température et du C02 dans l'atmosphère. Lors d'un fort réchauffement de la planète il y a 55 millions d'années, certaines espèces avaient perdu jusqu'à 75% de leur taille.

Le réchauffement climatique aurait une conséquence inattendue : le rapetissement des plantes et des animaux. Selon un article paru cette semaine dans la revue scientifique américaine Nature Climate Change, la mise en perspective de plusieurs études démontrerait que l'augmentation de la température de l'air et de l'eau provoque une baisse de la taille des animaux, des plantes et des micro-organismes.

Les biologistes David Bickford et Jennifer Sheridan, de l'université de Singapour, s'appuient notamment sur des études menées sur une précédente période exceptionnelle de réchauffement climatique. Il y a 55,8 millions d'année, la température de la Terre a augmenté en moyenne de 6°C. Ce «Maximum thermique du passage Paléocène-Eocène» a duré 20.000 ans, et s'est traduit par une baisse drastique de la taille de certaines espèces. Araignées, guêpes, foumis ou scarabées avaient ainsi perdu de 50 à 75% de leur taille habituelle, tandis que les mammifères comme les écureuils et les rats étaient 40% plus petits.

Dès lors, puisque le réchauffement que connaît actuellement la planète se déroule à un rythme plus important encore qu'au cours du passage Paléocène-Eocène, il faut s'attendre à ce que les espèces vivantes de notre époque soient également en train de rapetisser. Les auteurs de l'article se sont penchés sur des études récentes sur la taille des animaux. Certains d'entre eux ont déjà commencé à devenir plus petits. Sont particulièrement concernés les ours polaires, les cerfs, certaines espèces de moutons, mais aussi les mouettes, les tortues, les iguanes, les lézards et les crapeaux. Au total, sur 85 espèces étudiées, une quarantaine ont vu leur taille diminuer au cours de ces 20 dernières années.
Moins de nourriture pour les humains ?

Comment expliquer ce phénomène ? «Nous ne connaissons pas encore les mécanismes exacts, ou pourquoi certains organismes rapetissent pendant que d'autres ne sont pas affectés», expliquent les auteurs. Certaines pistes sont néanmoins avancées.

Augmenter d'un degré la température de l'air réduit ainsi de 3 à 17% la taille des pousses et des fruits. L'acidification de l'eau, induite par l'augmentation du dioxyde de carbone dans l'atmosphère, ralentit la croissance d'espèces marines comme les mollusques ou les coraux, et affectent les planctons et certaines algues. Enfin, l'augmentation de la température tend à multiplier les épisodes de sécheresse, et provoque donc un manque de végétaux. La chaîne alimentaire est dès lors alors bouleversée. Les ressources pour se nourrir manquant, certaines plantes et animaux réduiraient leur taille pour s'adapter aux nouvelles conditions de leur environnement.

Néanmoins, «tous les organismes n'arriveront peut-être pas à s'adapter assez rapidement» au réchauffement climatique actuel, s'inquiètent les auteurs. Ainsi en Amazonie, l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère profite plus aux plantes à croissance rapide, comme les lianes, plutôt qu'aux arbres, à croissance lente. Ces derniers ont donc tendance à disparaître plus rapidement qu'auparavant.

«Tant que nous ne comprendrons pas mieux les mécanismes à l'oeuvre, nous risquons de faire face à des conséquences négatives que nous ne pouvons pas encore quantifier», préviennent les auteurs. Selon eux, «dans le pire des cas, la taille des animaux et des plantes diminuerait tellement que cela aurait un grave impact sur la sécurité alimentaire» des êtres humains. Car si les plantes et les animaux deviennent moins gros, il devrait y avoir 3 milliards d'humains supplémentaires d'ici 70 ans. Les auteurs plaident donc pour une meilleure surveillance de l'évolution de la taille des espèces, en comparant leurs tailles actuelles avec celles des espèces présentes depuis plusieurs siècles dans les collections des muséums d'histoire naturelle.

Source : Le Figaro

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