Le stress ferait bâiller les chiens

Le stress ferait bâiller les chiens

Le 24/06/2013

Quel maître fatigué n’a jamais constaté que son chien semblait l’imiter, se mettant à bâiller lui aussi à s’en décrocher la mâchoire ? Le stress pourrait être une des clés d’explication de ce phénomène, selon deux psychologues de l’université du Nebraska (USA).

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Le bâillement contagieux chez nos compagnons à quatre pattes est encore mal compris. Si certains primates, chimpanzés en tête, y sont sujets entre eux, le chien, lui, a la particularité d’être touché par le bâillement d’une autre espèce, la nôtre. Les études sur le sujet livrent des résultats contradictoires, tant sur la réalité de ce comportement que sur ses mécanismes.

Le protocole imaginé par Alicia Phillips Buttner, auteure de l’étude publiée dans Animal Cognition, visait à valider deux hypothèses. « Nous avons cherché à savoir si certains chiens perçoivent simplement mieux les signaux sociaux émis par les humains ou s’ils diffèrent simplement sur le plan physiologique par un niveau de stress plus important, qui les rend plus susceptibles d' »attraper » nos bâillements », explique la chercheuse. Elle précise également que le stress consiste en une perturbation de notre état à la suite d’un stimulus, mais que celui-ci n’est pas forcément négatif. Pour parvenir à ses fins, Alicia Phillips Buttner a travaillé avec 60 chiens de toutes races, âgés de 6 mois à 6 ans, pensionnaires d’un refuge – les animaux de refuge étant plus sujets au bâillement contagieux, selon d’autres études.

L’HYPOTHÈSE DE L’EMPATHIE INVALIDÉE

Les animaux ont été mis en présence d’un expérimentateur bâillant devant eux ou se contentant d’ouvrir la bouche, sans les expressions faciales et le son associés au bâillement. La capacité des chiens à appréhender les signaux sociaux que s’échangent les humains a aussi été évaluée à travers un test spécifique, tandis que des prélèvements de salive ont permis de mesurer à différents moments le taux de cortisol, indicateur du niveau de stress.

Le dicton « un bon bâilleur en fait bâiller sept » s’applique-t-il aussi aux chiens ? Dans ce cas précis, seuls 12 sur 60 ont bâillé lorsque l’expérimentateur bâillait vraiment et non lorsqu’il faisait semblant. Le gros de la meute, lui, a bâillé indifféremment dans les deux situations. Les bâilleurs certifiés ne montrent pas de meilleure aptitude à décrypter nos signaux sociaux. En revanche, ils ont affiché un niveau de cortisol accru après le test du bâillement.

Les auteurs suggèrent donc un lien entre leur état de stress et leur comportement, ce qui invaliderait l’hypothèse de l’empathie, qui repose sur une interprétation du bâillement comme un signal permettant au chien de synchroniser son comportement avec le nôtre. Mais pouvons-nous déclencher ce stress chez le chien rien qu’en bâillant ? Il est trop tôt pour juger, selon Alicia Phillips Buttner : « Ces chiens sont hébergés dans un refuge, ils n’ont pas le contrôle de la situation. Dans ce contexte particulier, nous supposons qu’ils interprètent le bâillement comme un signal de stress, qui entraîne un niveau d’éveil physiologique élevé, mais il est difficile de dire si le bâillement lui-même est la cause du stress. »

En attendant des expériences complémentaires, les propriétaires de chiens bâilleurs peuvent se dire que leur animal ne bâille pas d’ennui devant leur maître, mais exprime peut-être une préoccupation.

Source : Le Monde

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