Du cannabis pour soigner les animaux ? Pourquoi pas. Mais à haute dose, il peut les tuer
Le 07/04/2015
Et si on utilisait du cannabis pour soigner les animaux ? Tick Segerblom, sénateur démocrate du Nevada, vient de déposer une proposition de loi allant dans ce sens : il veut légaliser la consommation de marijuana par les bêtes dans un but thérapeutique.
Quels effets cette substance a-t-elle sur la santé des animaux ? Par la vétérinaire comportementaliste
Comme chez l’homme, administrer du cannabis pour un usage médical à un animal aurait pour principal but de soulager sa douleur et/ou lui redonner l’appétit.
Selon plusieurs études, la marijuana aurait en effet des vertus thérapeutiques avérées et agirait comme un antalgique et aussi comme un antidépresseur, même si certains le contestent.
Chiens et chats sont des mammifères très proches de l’être humain, comme nous, ils disposent de récepteurs à la molécule qui est à la base de la marijuana. Ils y sont donc sensibles, comme l’homme.
Dès lors que l’on reconnait au cannabis un certain nombre de vertus thérapeutiques pour l’homme, il n’y a donc pas de raison, a priori, de ne pas l’envisager aussi pour un chien ou un chat malade.
Déterminer la dose adéquate
Il faut savoir que de nombreux médicaments utilisés chez l’homme sont aussi utilisés chez le chien ou le chat, comme des antibiotiques, des antidiarrhéiques… ou encore des psychotropes, comme le fameux Prozac ®. Si le médicament (la molécule) n’existe pas en présentation vétérinaire, c’est sa présentation de médecine humaine qui sera prescrite.
Il ne faudrait pas oublier aussi que presque tous les médicaments actuellement sur le marché ou destinés à l’être sont testés au préalable sur des animaux en laboratoire – des rats le plus souvent – avant d’être mis sur le marché pour nous autres êtres humains.
Toute la question, en vérité, est de déterminer la dose adéquate permettant d’atténuer la douleur de l’animal sans mettre en danger sa vie, comme c’est le cas pour toute substance destinée à un usage médical.
Car s’il est administré à trop haute dose, le cannabis est toxique : il peut tuer un chien ou un chat, ce qui est plus rare avec un être humain.
Quels effets secondaires ?
Si chiens et chats sont des mammifères proches de nous, qui réagissent de façon assez similaire à l’absorption de substances comme le cannabis, leur sensibilité n’en est pas moins différente, notamment en raison de leur gabarit.
Il n’est pas rare que des personnes amènent en urgence leur chien qui, par mégarde, a absorbé de la résine de cannabis. Pour certains d’entre eux, cette prise peut être fatale car après avoir entraîné une cécité, elle peut induire une insuffisance cardiaque et respiratoire grave.
Comme une dose de pastis peut tuer un Yorkshire, l’absorption de cannabis peut causer des dommages importants, il faut donc être extrêmement prudent quant à la quantité qui est administrée.
De même, avant d’envisager cette solution, il faudrait en connaître plus précisément les effets secondaires et notamment l’existence d’un lien de dépendance ou non. Un chien, tout comme l’homme, peut développer une accoutumance physique à une substance. Qu’en est-il avec le cannabis ? Nous n‘en savons rien encore.
La douleur, une préoccupation nouvelle
Il faut savoir que la prise en compte de la douleur, chez l’homme comme chez l’animal, est assez récente. Il y a 20 ans, il en était trop rarement question dans la pratique vétérinaire. Mais depuis qu’on s’est aperçu que soigner la douleur avait aussi une influence sur le processus de guérison, les choses ont changé.
Aujourd’hui, comme pour l’homme, lors d’une opération chirurgicale, ou en cas de plaie ou de cancers par exemple, on cherche désormais à soulager au maximum chiens et chats. On regarde avec attention leur comportement, leur posture, leur appétit et leur attitude pour déterminer le niveau de douleur et agir en conséquence.
Il y a encore beaucoup à faire en la matière. Le cannabis, comme bien d’autres substances aux vertus anti-douleurs, doit être envisagés si son impact est avéré. Mais des recherches supplémentaires restent à mener pour déterminer plus précisément tous les effets qu’il peut avoir sur un animal.
Source : Le Nouvel Obs