Droits des animaux: Les pandas auraient-ils plus de droits que les rats?

Droits des animaux: Les pandas auraient-ils plus de droits que les rats?

Le 11/12/2014

Depuis un mois et demi, les chats, chiens, voire les chinchillas ne sont plus meubles. Du moins en droit français. Un amendement a été ajouté à la loi pour faire d’eux des «êtres vivants doués de sensibilité».

Parallèlement, plusieurs cas de maltraitance animale ont été médiatisés. Le sort de Marius le Girafon a ému tous les Pays-Bas. Celui du chaton marseillais balancé contre un mur et celui des ragondins frappés par des agriculteurs nantais ont provoqué l’indignation d’un public de plus en plus sensible à la souffrance animale. Ou plutôt, à la souffrance de certains animaux.

Pour que tous les animaux soient égaux en droit, il faudrait déjà s’accorder sur ce qu’est un animal. L’animal «domestique» est défendu par le code pénal et le code rural. L’animal «sauvage», par le Code de l’environnement. Mais difficile d’en dire plus. Dans le flou actuel, chacun possède un avis sur le sujet. Chez les vétérinaires, souvent les premiers confrontés à la souffrance des bêtes, parler de «hiérarchie» animale n’est pas forcément un gros mot. Hubert Compan, un vétérinaire rural, s’étonne ainsi qu’on «hospitalise des rats domestiques» et qu’on considère ces rongeurs avec autant d’attention qu’une vache. «Aujourd’hui on ne sait plus où est la limite. On va bientôt aller jusqu’au poisson, à l’insecte…»

Vision «antispéciste»

Pour Fanny Casali en revanche, la question ne se pose pas. Cette vétérinaire installée en ville, ne différencie pas les animaux qu’elle considère «d’égale importance». Elle dénonce en revanche, le regard de l’homme sur «certaines espèces emblématiques». Le panda, le tigre de Sibérie, qui jouissent d’une meilleure image que le mulot ou le porc auprès de l’opinion publique. Certes, ceux-ci sont protégés. «Mais pourquoi seraient-ils plus importants qu’un bousier à l’échelle de l’évolution?» s’interroge celle qui assume de soigner des rats.

Cette vision «antispéciste» consiste à ne pas discriminer sur le critère de l’espèce. Elle est également défendue ardemment par David Chauvet, juriste et membre de l’association Droit des animaux. Pour lui, un panda est l’égal d’un rat puisque tout animal se définirait par «sa sensibilité et sa conscience» et qu’ils «éprouvent douleur/plaisir et ont des objectifs.» Les animaux regrouperaient donc grossièrement les mammifères, reptiles et les oiseaux. Mais pas les insectes, «puisqu’on ne sait pas exactement s’ils ont une conscience même si certains envisagent cette hypothèse.» Ceux qui hiérarchisent la faune nieraient ces facultés en fonction de leurs intérêts humains (l’alimentation notamment), suivant le concept de «mentaphobie» ou peur de la pensée des animaux.

«On ne débourse pas d’argent pour défendre les animaux qu’on n’aime pas»

«On s’émeut d’un panda en fonction de notre perception. Mais au départ, elle est biaisée par nos préférences subjectives, notre culture. Un panda, on ne va pas le manger, on est bien attentionné. Mais ce n’est pas parce qu’un rat n’a pas une apparence sympathique, qu’il n’a pas des intérêts lui aussi à ne pas être martyrisé», détaille ce militant.

Dans les faits, la reconnaissance des droits s’effectue finalement «au cas par cas», reconnaît maître Myriam Ben Salem qui a déjà été amenée à plaider pour le serpent d’un client. Personne ne portera plainte pour un crapaud écrasé volontairement. En revanche, la question n’est pas la même pour un chien ou un chat. En clair, la valeur sentimentale, anthropomorphique, voire marchande, entre en ligne de compte devant un tribunal. «On aime et on défend les animaux de compagnie. On ne débourse pas de l’argent pour défendre les animaux qu’on n’aime pas», résume l’avocate, pragmatique. Tant pis pour le frelon asiatique, le rat musqué, la méduse, ou d’autres espèces dites invasives, qui pour l’heure ne peuvent pas se tourner vers grand monde. Si ce n’est le Bouddha.

Source : 20 Minutes

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