Dans l’Arctique norvégien, les animaux à l’épreuve du réchauffement

Dans l’Arctique norvégien, les animaux à l’épreuve du réchauffement

Le 01/09/2015

+2,5°C. L’arrivée plus précoce du printemps fait migrer des oies plus tôt, les rennes et les renards ont parfois du mal à se nourrir : sur l’île du Spitzberg, au cœur de l’Arctique norvégien, le réchauffement bouleverse la vie animale. « Les bernaches nonettes, qui arrivent chaque printemps d’Ecosse, se sont adaptées à l’arrivée plus précoce du printemps au Spitzberg, où elles viennent nicher », explique à l’AFP Maarten Loonen, un ornithologiste en faisant cet été le tour des bâtiments épars et colorés du village scientifique de Ny-Ålesund pour observer les oies qui s’y sont établies.

Bonheur des uns, malheur des autres

« En 2007, elles ont brutalement avancé de 15 jours leur voyage de 3.000 km et c’est ainsi depuis », poursuit l’écologue néerlandais, en expliquant qu’elles trouvent sur cette île une mousse riche en protéines, bienvenue au moment de pondre et de couver. L’archipel du Svalbard, dont la plus grande île est le Spitzberg, connaît un réchauffement plus fort que dans tout le reste du monde : + 2,5°C en moyenne au cours des 100 dernières années (+0,8° au niveau mondial). La hausse est encore plus marquée en hiver et au cours des deux dernières décennies. Si les bernaches nonettes, une espèce d’oies protégée, ont su tirer profit, jusqu’ici, de ce changement radical, il n’en va pas de même pour d’autres espèces.

« Le renard polaire est leur principal prédateur », explique Marteen Loonen, en scrutant avec ses jumelles les oies qu’il a baguées. « Mais l’hiver, les renards ont parfois des difficultés à accéder aux réserves de cadavres d’oisons qu’ils ont faites en les enterrant », poursuit le spécialiste. Car le réchauffement entraîne des pluies verglaçantes qui privent le renard de sa nourriture. Pour les mêmes raisons, ce phénomène de pluie-gel est aussi préjudiciable pour les rennes du Svalbard, une espèce plus petite que ses cousins d’Europe et du Canada et qui se nourrit de mousses et de lichens. Si leurs sabots leur permettent de dégager la neige, ils sont impuissants sur la glace.

Pour compter les oisons, Maarten Loonen déambule en soirée dans les allées de Ny-Ålesund qu’il fréquente depuis le début des années 90. Jusqu’en 1962, le village abritait des mineurs de charbon. Désormais, jusqu’à 150 personnes (techniciens et scientifiques) y résident en plein été, lorsque le Soleil reste haut dans le ciel. « Les renards attrapent presque chaque jour des petits dans le village », explique l’écologue. Ce qui ne le chagrine pas. Autour de lui, la végétation est ‘surpaturée’ et globalement la population d’oies bernaches se porte bien sur l’île. De 15.000 au début des années 90, elle est passée à 35.000 sur l’ensemble du Svalbard. Mais l’ornithologue ne fait aucune prédiction pour l’avenir car, explique-t-il, « les interactions avec les prédateurs sont incertaines ».

Changement de régime pour les ours

Il remarque aussi que les ours polaires « mangent aussi les œufs des oies, et viennent de plus en plus sur la côte ouest du Spitzberg ». La preuve, les consignes de sécurité très strictes pour les scientifiques venant en mission étaient inexistantes au début des années 90, rapporte l’ornithologue. « La plupart des ours du Svalbard vivent dans l’est de l’archipel, mais depuis quelques années ils explorent de nouveaux territoires, et viennent davantage près de Ny-Ålesund », indique Sébastien Barrault, conseiller scientifique de la société norvégienne chargée de la logistique pour tout le village.

« Peut être parce qu’il y a beaucoup d’oiseaux, les œufs étant une nourriture facile », avance-t-il. La population des ours polaires du Svalbard est évaluée à environ 3.000 individus, sur un territoire grand comme une fois et demie la Suisse. Mais les scientifiques craignent que la réduction de la banquise, autre signe majeur du réchauffement, complique l’accès à leurs principales proies, les phoques. Mais là aussi, faute de comptage récent, confie Maarten Loonen, « nous ne savons pas comment la population d’ours évolue ».

Source : Sciences et Avenir

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