Cohabiter avec un animal auquel on est allergique
Le 24/10/2014
L’allergie la plus fréquente concerne les poils de chat, devant les chiens et les chevaux.
Le problème avec les poils d’animaux – ou plus exactement, les protéines allergisantes produites le long des poils et présentes dans la salive animale -, c’est qu’il y en a très vite partout dans un foyer. Et comme le principal coupable (le chat) n’éprouve aucun scrupule à aller jusqu’à dormir dans les lits des occupants du foyer, la qualité de l’air intérieur est sérieusement mise à mal. De là à déclencher rhinites, conjonctivites ou asthme, les trois principales manifestations de l’allergie aux animaux, il n’y a qu’un pas.
«Lorsqu’il y a un terrain allergique dans la famille, a fortiori si l’un des membres est déjà sensibilisé aux poils d’animaux (ce que les tests allergologiques cutanés permettent de savoir), je déconseille fortement l’acquisition d’un chat, car le risque de déclarer un asthme allergique est alors multiplié par quatre. Sachant qu’environ 10 % des asthmes seront difficiles à contrôler, c’est risquer d’aller au-devant de graves ennuis. C’est encore pire pour les citadins vivant dans un espace réduit: dans un studio, par exemple, il est impossible de garder une chambre sans poils et sans reproches! Et comme en ville, beaucoup de petits félins ne sortent jamais de chez eux, cela suppose une exposition permanente et importante», insiste le Pr Frédéric de Blay, pneumo-allergologue au CHU de Strasbourg.
Propos approuvés par le Pr Antoine Magnan, président de la Société française d’allergologie (Université et CHU de Nantes): «Si le chat est le plus souvent responsable des allergies aux animaux, tous les autres animaux à poils peuvent aussi être incriminés (chiens et, dans une moindre mesure, lapins, cobayes, hamsters, rats, souris, etc.). Pour les allergiques connus qui tiennent vraiment à avoir des animaux à domicile, je conseille donc plutôt des poissons! Autre alternative pour ceux qui ont un jardin: un chien vivant en extérieur (avec une niche) car, dans ce cas, le risque est plus faible.»
Voilà pour la théorie. Car en pratique, «bien souvent, lorsque l’on franchit la porte du cabinet d’allergologie, c’est parce que l’on a déjà un animal chez soi et que l’on présente des troubles respiratoires», constate le Dr Catherine Quéquet, allergologue en libéral et auteur deCombattre les allergies(Éd. Alpen). De fait, 80 % des personnes se sachant allergiques n’écoutent pas leur médecin et prennent ou gardent l’animal à l’origine de leur problème à la maison. Une fois vérifié que ces troubles sont bien en rapport avec une allergie, se pose alors la question de savoir comment réduire les risques au maximum. Pour les trois spécialistes, il ne fait aucun doute que la rhinite, la conjonctivite et/ou l’asthme doivent être pris en charge sur le plan médicamenteux (grâce aux traitements antihistaminiques, corticoïdes inhalés, etc.) car, non traitées, ces affections risquent de s’aggraver et d’évoluer vers un asthme avec des crises plus fréquentes et/ou plus violentes.
Aérer, nettoyer, fermer la porte
Il faut aussi faire son maximum pour réduire l’exposition aux allergènes. Différentes mesures sont préconisées pour diminuer la concentration en allergènes dans la maison: «Le minimum, c’est d’interdire l’accès de l’animal à la chambre de l’allergique, que ce soit en sa présence ou en son absence. Un tiers doit y faire régulièrement le ménage avec un aspirateur à sac et un filtre efficace contre les particules allergéniques (HEPA). La chambre doit être quotidiennement aérée. Attention enfin à ne pas y ramener de vêtements plein de poils!», conseille le Pr Magnan.
Les autres mesures – purificateur d’air, castration d’un chat mâle pour qu’il produise jusqu’à 80 % d’allergènes en moins, lavage quotidien du chat – n’ont pas prouvé qu’elles étaient réellement efficaces et c’est pourquoi tous les allergologues ne les proposent pas. «Cependant, mises bout à bout, elles pourraient contribuer à faire baisser le taux d’allergènes dans une maison, ce qui peut être suffisant pour éviter des crises chez certains allergiques. Il y a donc des cas où cela vaut la peine d’essayer, on a parfois de bonnes surprises», estime le Dr Quéquet.
La désensibilisation aux poils d’animaux n’a pas encore apporté la preuve de son efficacité: «La désensibilisation aux acariens et aux pollens est pour l’instant la seule indiquée», convient le Pr Magnan. Concernant les poils d’animaux, les résultats ne sont pas probants. Cela ne veut pas dire que l’idée est à abandonner, mais plutôt que les allergènes jusqu’ici utilisés pour la désensibilisation aux poils d’animaux ne sont probablement pas les plus pertinents ou encore que les concentrations utilisées ne sont pas les bonnes. La recherche continue donc pour trouver mieux, c’est une question de quelques années.» Mais il ne faut pas oublier les autres allergènes respiratoires (acariens, moisissures, etc.), car une allergie est toujours plus compliquée à gérer quand elle porte sur plusieurs allergènes à la fois.
Source : Le Figaro