Chat obèse, chien paralysé : ils peuvent guérir en nageant ou grâce à un tapis roulant
Le 30/08/2013
Un chat dans l’eau ? Déjà, vous haussez les sourcils. Si on vous dit qu’il se déplace sur un tapis roulant immergé, vous avez du mal à y croire.
Pourtant, cet exercice permet de lutter efficacement contre son obésité. Et, plus généralement, l’hydrothérapie est une technique de rééducation bénéfique pour les animaux. Explications et anecdotes du docteur Christine Pagès, vétérinaire.
Les exercices dans l’eau sont indiqués en cas d’obésité chez les animaux
Le travail dans l’eau a des résultats extrêmement efficaces. Nous avons traité ainsi un jeune chien de six mois, un Setter un peu foufou, qui avait sauté de la fenêtre de la voiture de son maître. Résultat de cet accident : une paralysie antérieure. Il traînait la patte et marchait sur son poignet.
On a réussi à lui redresser sa patte, avec des exercices de rééducation dans une piscine, à le faire marcher sur ses coussinets. Sans ça, il aurait fini avec une arthrodèse, une opération chirurgicale consistant notamment à immobiliser le membre avec des plaques métalliques.
Pareil avec un chat qui souffrait d’une paralysie due à une embolie fibrocartilagineuse. Nous avons permis à ce grand maine coon de remarcher. C’est un bonheur de permettre à l’animal d’aller mieux. Et d’aider par là-même son propriétaire, car il y a souvent des liens très forts entre les deux.
Les bouledogues ne savent pas nager
Ces exercices dans l’eau sont indiqués en cas d’obésité, d’autant que la perte même de 200 grammes sur un chat l’aide à mieux bouger. Et plus il bouge, plus les exercices sont faciles et efficaces. C’est un cercle vertueux. Ainsi son espérance de vie sera augmentée.
Autres indications, plus fréquentes : les problèmes touchant le système locomoteur, comme de l’arthrose (essentiellement pour les animaux âgés) ou des pathologies du rachis (en majorité des hernies discales) entraînant une paralysie. Il peut aussi s’agir de retrouver la musculature après une chirurgie orthopédique (suite à un problème articulaire, une pose de plaques…) ou tout simplement d’entretenir des chiens sportifs, des lévriers ou des chiens de traîneau.
L’eau chaude (28 °C), par la poussée d’Archimède, rend les mouvements demandés plus faciles. Et son poids sur le corps permet une action de massage accentuée par les mouvements de l’animal.
Les exercices peuvent être faits sur un tapis roulant immergé, dont on contrôle le niveau, en fonction de la taille de l’animal et des exercices de rééducation.
On peut aussi utiliser une piscine où les animaux n’ont pas pied, pour qu’ils nagent d’un bord à l’autre. Le tapis roulant, certes moins ludique et plus enfermé, est intéressant dans le cas où les animaux sont inquiets, ou pour les races qui ne savent pas nager – car ce n’est pas inné. Les bouledogues par exemple n’aiment pas l’eau mais, pire, leur torse est trop lourd : dans une piscine, ils coulent et leur face aplatie accentuera les difficultés respiratoires. Le tapis roulant est alors intéressant comme soutien, pour éviter de faire paniquer l’animal.
Éclaboussures et tenue de rechange
Dans notre clinique vétérinaire, nous n’avons qu’un bassin. Mais nous utilisons un système de tables plus ou moins hautes pour que l’animal puisse se reposer. On les pousse à aller vers le « vide » pour qu’ils nagent seuls. Mais on leur permet de revenir se reposer. Car ce sont des exercices très fatigants ! Et beaucoup ont des difficultés au niveau du souffle.
Ce n’est qu’après plusieurs semaines de rééducation qu’ils font 20 minutes de piscine complètes. La première séance est un moment d’acclimatation. Mais à partir de la troisième séance, les animaux sont plus à l’aise. Dès qu’ils se débrouillent bien, on laisse les propriétaires être autonomes.
Il y a des animaux qui sont coopératifs, qui ont envie de travailler. Les races comme les labradors, les terre-neuves et les bergers allemands sont agiles et vont dans l’eau spontanément. Là, mieux vaut apporter une tenue de rechange. Avec les grands chiens, surtout s’ils sont contents, il y a des éclaboussures et de l’eau partout.
Mais il y a certaines bêtes qu’il faut pousser. Ce n’est pas comme avec les humains où il suffit de dire : « Faites ce mouvement dix fois. » Il faut trouver des astuces. Parfois c’est une friandise ou un jouet qui stimule l’animal et le fait avancer dans l’eau. D’autres fois, on l’encourage avec le propriétaire comme si c’était une course : « Vas-y ! »
Gilet de sauvetage et massages
La séance n’est pas de tout repos. Elle dure longtemps. Il faut d’abord laver l’animal pour éviter la terre ou des déjections dans la piscine. Pour les chiens paralysés, on s’assure par des palpations abdominales qu’ils ont vidé leur vessie et leur rectum.
On leur met ensuite un gilet de sauvetage, qui recouvre tout leur dos, passe devant le cou et sous le ventre, où il s’attache avec deux liens. L’objectif : que le chien (ou le chat) ne se fatigue pas trop pour se tenir hors de l’eau, qu’il flotte. Le travail, c’est de bouger les pattes.
Il y en a qui vont monter sur la rampe et aller directement dans l’eau, d’autres qu’il faudra aider. Pour les petits, on les porte. Pour les plus gros, on utilise un treuil. On vient parfois avec eux dans la piscine. Parce qu’il y en a certains qui ont besoin d’être rassurés. Pour d’autres, au contraire, mieux vaut être à l’extérieur car si on est dans l’eau on finit par les porter.
Dans l’eau, on fait des massages et 20 minutes d’exercice, en fonction des progrès de l’animal, avec des petites pauses en fonction de la récupération. J’ai toujours le pendule sous les yeux. Si un chien est essoufflé, on lui laisse plus de temps. Quand la séance est finie, c’est l’heure du massage, pour éviter les courbatures. Puis on le rince à l’eau chaude, on l’essore et on le sèche.
Source : Le Nouvel Obs