Ces chiens qui savent « flairer » le cancer

Ces chiens qui savent « flairer » le cancer

Le 29/03/2015

Plusieurs études ont démontré qu’un chien bien dressé est capable de flairer les tumeurs avec une surprenante fiabilité.

Grâce à un odorat au moins dix fois plus puissant que celui de l’homme et une excellente mémoire olfactive, le chien s’est avéré capable de déceler différentes sortes de tumeurs

Le cancer a une odeur. Expérience après expérience, les scientifiques rapportent la preuve qu’un chien bien dressé est capable de flairer les tumeurs avec une surprenante fiabilité. «Le cancer génère des molécules volatiles odorantes qui passent dans le sang, puis sont éliminées dans les urines, la sueur ou l’air expiré», indique le PrOlivier Cussenot, urologue à l’hôpital Tenon, à Paris. Un phénomène dont les chercheurs espèrent un jour tirer avantage pour mettre au point une procédure de repérage sûre et non invasive.

Une nouvelle illustration des performances canines a été présentée début mars au congrès annuel des endocrinologues, à San Diego. Pour cette étude, les chercheurs (université d’Arkansas) ont entraîné Frankie, un berger allemand, à reconnaître le parfum du cancer de la thyroïde en lui soumettant des échantillons de tissus malades. Puis ils ont enrôlé 34 personnes présentant des nodules thyroïdiens suspects et prélevé à chacun un échantillon d’urine lors de sa première visite à la clinique. Les biopsies réalisées dans la foulée ont mis en évidence un cancer chez 15 patients et une maladie bénigne chez 19 autres.

Ce fut alors au chien de livrer son diagnostic, en se couchant devant les tubes d’urine de patients cancéreux ou en se détournant des échantillons bénins. Résultat: avec deux faux positifs et deux faux négatifs, Frankie a identifié avec succès 88 % des prélèvements d’urine. Le résultat est d’autant plus intéressant, souligne le Dr Donald Bodenner en conclusion de l’étude, que «le dépistage du cancer de la thyroïde implique aujourd’hui un grand nombre d’opérations chirurgicales inutiles».

Grâce à un odorat au moins dix fois plus puissant que celui de l’homme et une excellente mémoire olfactive, le chien s’est ainsi avéré capable de déceler différentes sortes de tumeurs. En 2013, le British Medical Journal a relaté le cas d’une femme de 75 ans qui, alertée par l’insistance de son animal à lécher une lésion située derrière l’oreille, a décidé de consulter. Les analyses ont révélé la présence d’un mélanome malin. Ces dernières années, le flair canin a encore été testé, avec plus ou moins de succès, sur le cancer du poumon, du côlon, de la vessie ou des ovaires.

En France, l’équipe du Pr Olivier Cussenot a orienté ses travaux sur la prostate. Ses premiers résultats ont été obtenus en 2010 par un chien de l’armée nommé Aspirant. Le taux de réussite de ce malinois, dressé pendant un an à sentir un cancer de la prostate dans un échantillon d’urine, atteignait 98 % – alors que le dépistage sanguin entraîne un grand nombre de faux positifs. Une prouesse confirmée en 2014 par une étude italienne portant sur 902 patients, inclus à différents stades de la maladie.

Malgré ses talents, le chien ne peut être utilisé en routine dans les hôpitaux, prévient cependant le Pr Cussenot. «Le dressage de l’animal est long, astreignant et il ne peut exercer cette activité plus de cinq ans», précise l’urologue, ajoutant à ces obstacles le nécessaire recours à deux professionnels pour veiller sur un chien. Enfin, ses performances sont inégales. Le Dr Bodenner note pour sa part un manque d’études menées, en situation clinique, sur un grand nombre de patients.

L’objectif des scientifiques est désormais d’identifier avec précision la signature odorante du cancer, puis de remplacer le canidé par la technologie. Plusieurs équipes travaillent actuellement au développement de nez artificiels capables de déceler ces cocktails de composés organiques volatils dans l’haleine. «Très sensible, le capteur pourrait à terme se substituer à des examens invasifs, risqués et coûteux que les patients doivent aujourd’hui subir», parie le Pr Hossam Haïck, chercheur à l’Institut Technion (Israël). Prometteuse, cette approche demande toutefois à être validée par des essais cliniques de plus grande ampleur.

Source : Le Figaro

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