Certains animaux ont aussi le sens du rythme musical
Le 16/02/2014
Les humains ne sont pas seuls à avoir le sens du rythme. Des bonobos et des otaries sont aussi capables de battre la mesure, des exceptions chez les animaux qui pourraient aider à mieux comprendre comment notre sens musical a évolué dans notre histoire.
«Le fait d’écouter ou de sentir un rythme musical fait intervenir de nombreuses régions du cerveau et cette capacité complexe paraît être unique à l’humain et à quelques autres espèces», a expliqué samedi Aniruddh Patel, professeur adjoint de psychologie à l’Université Tuft à Boston à la Conférence annuelle de l’American Association for the Advancement of science (AAAS).
Patricia Gray, professeur à l’Université de Caroline du Nord, a raconté avoir été surprise par un bonobo, une dizaine d’années plus tôt.
Alors qu’elle tapait machinalement sur une vitre dans un zoo, le grand singe qui se trouvait de l’autre côté lui a répondu, a-t-elle dit lors d’une conférence de presse.
Intriguée, elle a tapé plus rapidement et le bonobo a suivi se mettant même sur le dos pour taper sur la vitre avec ses orteils après avoir eu une friandise.
«J’ai alors pensé que nous devions regarder de plus près pour étudier des questions très intéressantes», a poursuivi la scientifique qui continue depuis à travailler avec les bonobos, un animal avec lequel les humains partagent 98,7% de leur ADN.
«Les bonobos sont extrêmement sensibles aux sons», a-t-elle indiqué expliquant avoir appris à ces singes à battre la mesure sur une batterie.
Depuis cette découverte, deux autres espèces animales très différentes ont aussi révélé une capacité étonnante à réellement synchroniser leurs mouvements au rythme de la musique.
Le cacatoès et l’otarie qui aiment danser
Il s’agit d’un cacatoès qui danse sur les rythmes des Backstreet Boys et d’une otarie dont la chanson préférée est Boogie Wonderland, le tube du groupe funk Earth Wind and Fire.
«Tous les scientifiques y compris moi-même ont été intrigués par les capacité du cacatoès à danser dans le rythme et je me suis alors dit que personne n’avait jamais vraiment essayé de voir si un animal autre qu’un perroquet pouvait avoir la même faculté», a expliqué Peter Cook, un chercheur de l’Université de Californie qui a découvert l’otarie appelé Ronan.
«Je me disais aussi que former un mammifère à suivre le rythme de la musique devait être néanmoins difficile mais Ronan semble être un sujet idéal», a-t-il dit.
Ce chercheur a appris à cette otarie à balancer sa tête au rythme de sons musicaux et l’animal a aussi montré qu’il pouvait synchroniser ses mouvements avec le rythme d’autres morceaux jamais entendus avant.
«Vu le succès de cette otarie à suivre de nouveaux rythmes après son entraînement initial, il semblerait que cela ne lui soit pas trop difficile», a poursuivi le chercheur.
Origines des capacités musicales
Cet exemple suggérerait que les capacités musicales humaines pourraient avoir des origines qu’ils partagent avec les animaux, a-t-il ajouté.
«Les scientifiques supposaient pendant longtemps que les animaux étaient dépourvus de ces capacités et maintenant des études menées depuis ces dernières années avec de nouvelles méthodes et espèces ouvrent de nouvelles perspectives», juge Peter Cook.
Finalement Charles Darwin, le père de la théorie de l’évolution, pourrait avoir eu raison quand il estimait que toutes les créatures étaient capables de percevoir et d’apprécier les rythmes musicaux, une capacité selon lui commune à tous les animaux.
Mais les chiens et les autres animaux ne dansent pas, a relevé Edward Large, professeur de psychologie à l’Université du Connecticut.
Selon lui, la clé du sens musical réside dans la manière dont les circuits cérébraux se coordonnent en synchronisant les rythmes et comment les rythmes propres du cerveau s’harmonisent avec ceux de la musique.
«La capacité de synchroniser les rythmes paraît être davantage un mécanisme que l’évolution utilise différemment selon les espèces et les circonstances», a-t-il estimé.
Source : Canoë