Quand le chien abandonne, le loup persévère. Vraiment ?
Le 17/09/2015
Une comportementaliste américaine a testé la persévérance des canidés, qui devaient ouvrir une boîte avec une saucisse cachée à l’intérieur.
CANIDÉS. Quand il s’agit de résoudre un problème, les chiens ne refusent pas un petit coup de main des hommes, contrairement aux loups. C’est le constat d’une étude publiée dans Biology Letters, menée par Monique Uddel, chercheuse à l’université d’Etat de l’Oregon. La scientifique a confronté dix loups, dix chiens de refuge et dix chiens de propriétaires.
Elle leur a fait renifler une saucisse, ensuite placée dans une boîte en plastique dont le couvercle était fixé à une corde : les canidés devaient tirer dessus pour ouvrir le récipient. Une tâche que les animaux devaient accomplir dans trois environnements différents. Ainsi, les sujets pouvaient être en présence d’humains qui, soit les ignoraient superbement, soit les encourageaient à réaliser leur exercice. Dernier cas de figure, les animaux étaient seuls devant leur boîte à saucisse.
Le résultat ? 80% des loups ont persisté jusqu’à se régaler de la charcuterie. Du côté des chiens, seul un chien de refuge a fait de même. La présence d’une personne « neutre » n’a pas aidé les chiens : ils avaient alors tendance à regarder l’individu en question plutôt qu’à chercher à comprendre comment ouvrir la boîte. C’est simplement quand l’homme encourageait les chiens que quatre d’entre eux – parmi ceux tiré d’un refuge – ont persévéré jusqu’à réussir l’exercice. Tandis qu’un seul chien domestique a réussi à faire de même. Alors faut-il en conclure que nos compagnons à poils sont devenus flemmards à force de nous fréquenter ? Ou cela révèle-t-il chez eux un haut degré d’intelligence ?
Une stratégie de milieu
Quand le chien arrête de travailler pour regarder son maître, cela ressemble fortement à de la sollicitation. Pourtant, cela ne fait pas d’eux des créatures indolentes. Au contraire, cela démontre leur intelligence « car ils voient quand un problème est insoluble, alors que les loups ne semblent pas le comprendre », commente Monique Uddel. Le test montre en revanche que chiens et loups ont adopté des stratégies différentes en fonction de leur mode de vie. Les chiens, habitués au contact des humains, ont développé au cours de ce compagnonnage un esprit de sociabilité qui a un fort impact sur leur capacité à s’engager.
Même s’ils sont capables de réussir la tâche lorsqu’un humain les encourageait. Si les loups ont montré plus de motivation, c’est uniquement parce qu’ils ne vivent pas dans le même confort. Selon la comportementaliste, si les chiens attendent qu’on leur donne des directions, c’est bien parce qu’ils ont appris avec le temps à inhiber leurs actions, étant habitués à ce qu’on leur dise de ne pas faire telle ou telle chose. De même que si les chiens affichent des airs coupables lorsqu’ils font une bêtise, ce n’est pas par culpabilité mais pour répondre à l’énervement d’un être humain, comme l’écrivait récemment Sciences et Avenir.