Pourquoi les internautes se mobilisent tant pour les animaux martyrs

Pourquoi les internautes se mobilisent tant pour les animaux martyrs

Le 07/08/2015

Cecil le lion massacré au Zimbabwe, Athéna le chien enseveli, Oscar le chat projeté contre un mur… Des animaux martyrisés passionnent et mobilisent les internautes. Sociologue et chercheur au CNRS, Michel Fize analyse ce phénomène.

LE FIGARO.- Cecil le lion continue à déchaîner les réseaux sociaux, 280.000 personnes ont signé une pétition sur internet pour demander une peine maximale pour le maître du dogue Athéna… Pourquoi ces animaux martyrisés mobilisent-ils tant les internautes?

Michel FIZE.- Il y a toujours eu une complicité entre l’homme et l’animal. Ceux qui sont les plus proches des hommes les attirent le plus. Les animaux que vous avez cités sont domestiques, ou assez esthétiques.Le sort d’un crocodile aurait moins ému que celui de Cécil, car le lion est un animal bien plus beau.

Certaines actualités peuvent sembler plus graves que ces faits divers. Pourquoi sont-ils plus relayés que d’autres thèmes d’actualité internationale par exemple?

Les massacres au Yémen, c’est une masse, des chiffres, et on ne s’émeut pas pour des chiffres. Le cas du virus Ebola, c’est la même chose: il n’a pas de visage. Alors que ces animaux, on peut les individualiser, les dénombrer. C’est pour cette raison que Cecil le lion est devenu un héros post-mortem. Un massacre de 50 lions aurait peut-être fait quelques lignes dans les journaux.

L’aspect sensationnel est aussi très important. Aujourd’hui, un événement qui n’est pas mis en spectacle n’a pas d’impact. Les chaînes d’info en continu et les médias créent du sensationnel. Pour ces animaux, le sensationnel est dans les photos et les vidéos. Il y a quelques années, il a fallu attendre de voir des tombereaux entiers de porcs pour mettre une image sur la cruauté dans les abattoirs. Tout ce qui est de l’ordre de l’imagination, de l’abstraction ne marche pas dans une société comme la nôtre.

La mobilisation des internautes ne dure souvent pas très longtemps. Comment l’expliquez-vous?

On est dans le registre émotionnel qui appartient à l’immédiateté, à la spontanéité. Une fois que l’émotion est passée, le problème reste: les poursuites judiciaires [contre les bourreaux de ces animaux NDLR] sont souvent classées sans suite. Dans le cas de Cécil, il sera difficile de mettre les auteurs devant leurs responsabilités. Finalement, il manque toujours une fin à ces histoires.

Source : Le Figaro

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