Les petits animaux verraient le monde au ralenti
Le 17/09/2013
Les petits animaux captent plus d’informations visuelles et les traitent plus rapidement que les humains Des chercheurs irlandais et écossais ont établi, à partir des travaux réalisés par plusieurs autres équipes de biologistes, que les petits animaux peuvent capter davantage d’informations visuelles et la traiter plus rapidement que les gros.
Des scientifiques du Trinity College de Dublin (TCD, Irlande) et de l’Université de St Andrews (Écosse) ont compilé et traduit graphiquement des données (issues de recherches antérieures) portant sur la vitesse à laquelle l’œil de divers animaux peut traiter la lumière (et donc l’information visuelle). Le paramètre retenu était, pour chaque espèce concernée, la ‘fréquence critique’ de clignotement d’une lumière, au-delà de laquelle cette lumière est perçue comme constante et non plus clignotante.
Le graphique obtenu révèle un modèle montrant une forte relation entre la taille du corps et la rapidité de l’œil : d’une manière générale, dans un laps de temps donné, les petits animaux captent plus d’informations visuelles que les gros, un peu comme si les mouvements du monde extérieur leur étaient diffusés au ralenti, ou en ‘slow-motion’. Ainsi, les yeux de plusieurs espèces de mouches réagissent quatre fois plus vite aux stimuli que les yeux humains, ont constaté les chercheurs.
Des cerveaux petits mais performants
« Nous commençons à comprendre qu’il y a tout un monde de détail que seuls certains animaux peuvent percevoir et il est fascinant de penser à quel point ils doivent percevoir le monde différemment de nous », remarque le Dr Andrew Jackson, du TCD. « Avoir des yeux qui envoient des ‘mises à jour’ au cerveau à des fréquences beaucoup plus élevées que nos yeux [humains] n’est d’aucune utilité si le cerveau ne peut traiter les informations aussi rapidement.
Par conséquent, ce travail met en évidence les capacités impressionnantes des plus petits cerveaux d’animaux eux-mêmes. Les mouches ne sont peut-être pas des penseurs profonds, mais elles peuvent prendre les bonnes décisions très rapidement », souligne Graeme Ruxton, de l’Université de St Andrews.
Une perception plus rapide chez les jeunes et les sportifs
Paradoxalement, ce sont des animaux de taille modeste qui obtiennent le moins bon score : des isopodes (un groupe de crustacés) d’eau profonde, qui ne peuvent voir une lumière clignoter que si elle le fait au maximum 4 fois par seconde. Chez l’homme, le ‘coup d’œil’ est bien évidemment plus rapide chez les jeunes que chez les sujets plus âgés (un déclin qui augmente avec l’âge) et particulièrement performant chez les sportifs de haut niveau, explique l’étude publiée dans la revue Animal Behaviour.
« Notre capacité à traiter l’information visuelle limite notre capacité à piloter des avions ou à conduire une voiture plus rapidement que ce qui se fait actuellement en Formule 1, où ces gens repoussent les limites de ce qui est humainement possible. Par conséquent, pour aller plus vite, il faudrait soit une aide de l’ordinateur, soit une amélioration de notre système visuel, que ce soit par des médicaments ou grâce à des implants », conclut le Dr Jackson.
Source : Maxisciences