Les élevages de la honte

Les élevages de la honte

Le 16/04/2015

Souris, chiens, primates…: la France élève des animaux à destination des laboratoires de recherche. Certains sont même programmés pour naître malades.

Derrière les 11,5 millions d’animaux torturés chaque année dans les laboratoires européens se cache toute une économie. Il y a, entre autres, les fournisseurs d’alimentation spécialement conçue pour développer des maladies, les firmes de matériel pour les expériences, les transporteurs, mais aussi les éleveurs spécialisés.

Ainsi, à Gannat, en Auvergne, la société Harlan a t-elle fait de la souris et du chien son fond de commerce. «Sur les souris, on fait pousser des cellules cancéreuses humaines, explique le directeur de l’élevage au journal La Montagne. Nous produisons également entre 1500 et 2000 chiens par an. Ils permettent de tester la toxicité des médicaments. Dans notre pays, environ 5.000 chiens sont utilisés pour la recherche tous les ans. Mais nous ne travaillons pas que pour la France». A Gannat, les chiens sont tous des beagles. L’intérêt ? «Le beagle est une race ni trop grande, ni trop petite et comme il vous lèche la main quoi que vous lui fassiez, on expérimente sur lui sans analgésique, ni anesthésie !», nous explique André Ménache, directeur du Comité scientifique Antidote Europe qui a pour but d’informer sur les dégâts que l’expérimentation animale provoque sur la santé humaine et sur l’environnement, et promouvoir les méthodes substitutives.

A Mézilles, dans l’Yonne, le beagle est aussi le gagne-pain des dirigeants du Centre d’Élevage du Domaine des Souches (CEDS). Bien cachée au fond des bois, «c’est une affaire familiale tenue d’une main de fer depuis 1974 par Michel et Monique Carré, détaille Marc Vallaud, fondateur du CCE²A, le Collectif Contre l’Expérimentation et l’Exploitation Animales. Ils produisent des beagles, dont certains sont programmés pour naître myopathes, mais aussi des goldens retrievers.

Ces animaux sont envoyés à la torture parfois dès l’âge de 2 mois. Au sein du centre, la famille possède également son propre laboratoire, BIO 2 M. A quoi sert-il précisément ? Mystère». Qu’importe puisque dans la région, personne n’oserait contredire l’activité de Michel Carré, directeur de l’élevage, premier adjoint au maire de Mézilles et président du centre d’enfouissement de déchets à quelques kilomètres de là…

Les macaques, placés en quarantaine, sont ensuite revendus 5000 euros

On n’élève pas que de la souris et du chien en France. Il y a aussi les singes. Témoin, le centre de primatologie de Niederhausbergen (Alsace), géré par l’Université de Strasbourg, qui héberge entre 600 et 800 primates chaque année. Plus de 60% d’entre eux sont en transit. En provenance des fermes d’Asie et de l’île Maurice, les macaques sont placés en quarantaine puis revendus (environ 5000 euros l’animal) à des laboratoires de recherche biomédicale. Le ministère de l’agriculture a autorisé l’extension du centre : selon les nouvelles normes, il pourra accueillir jusqu’à 1 600 singes, dont la plupart prendront le chemin des supplices.

Malgré l’appel pressant des citoyens européens et d’une partie de la communauté scientifique afin de mettre fin à l’expérimentation animale jugée archaïque et inefficace pour la recherche (voir notre enquête dans Paris Match n° 3439), on continue d’élever et de faire mourir. Les Italiens, eux, n’ont pas attendu que les vieilles lunes évoluent. Le 26 avril 2012, à l’occasion d’une manifestation contre l’élevage de Green Hill, à Montichiari, plus de 1000 personnes découpaient les grillages, entraient dans le camp et délivraient des chiens du calvaire. Cette libération (sans violence) a permis de révéler les maltraitances et les conditions de vie inacceptable des animaux. Après 7 mois de procès, le directeur de Green Hill écopait d’un an de prison ferme. L’élevage est désormais fermé. Et 2500 beagles réapprennent à vivre, loin des sous-hommes qui les détenaient.

A (re)voir : le film « A.L.F », de Jérôme Lescure. Un témoignage fort sur ces hommes et ces femmes qui défient les lois et risquent leur vie pour libérer les animaux.

Rendez-vous : A l’occasion des 30 ans de l’opération Greystoke qui a sauvé 17 babouins de la vivisection au CNRS de Gif-sur-Yvette dans la nuit du 31 mars au 1er avril 1985, l’association de protection animale « Respectons » organise une soirée le samedi 18 avril 2015 au « Casa Poblano », 15 rue Lavoisier, 93100 Montreuil. Au menu : paella vegan et projections (à 18h et à 20h30) du film A.L.F. Avec la participation de Jérôme Lescure, l’acteur Alexandre Laigner, la chanteuse Kreezy R et Patrick Sacco, leader de l’opération Greystoke. Entrée: 18 euros, réservation indispensable : Amandine au 0617920242 ou Olivier au 0670516340 ou sur www.helloasso.com/associations/respectons/evenements/soiree-30-ans-greystoke . Tous les bénéfices de cette soirée seront reversés à l’association « Respectons ».

Source : Paris Match

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