Les consommateurs allemands prennent goût au bien-être animal

Les consommateurs allemands prennent goût au bien-être animal

Le 23/01/2013

Depuis le 1er janvier 2013, après les poulets de chair et les poules pondeuses, Bruxelles s’intéresse au sort des porcs.

La nouvelle règle s’applique en Europe, dans les élevages de plus de dix truies. Une contrainte économique qui nécessite d’investir. En France, 11 % des éleveurs ont préféré renoncer. En Europe, une quinzaine de pays ne seraient toujours aux normes. Comment faire de cette contrainte un atout ? En Allemagne, la filière porcine essaye de valoriser cette démarche auprès des consommateurs.

Depuis quelques jours, deux labels ont fait leur entrée sur les étalages des supermarchés en Allemagne, destinés à distinguer les producteurs respectueux du confort de leurs bêtes.

Développées par la fédération allemande de protection des animaux et l’association de défense Vier Pfoten, ces deux appellations tiennent compte de l’espace réservé à chaque animal, de l’entretien des étables, du temps de transport jusqu’à l’abattoir ou encore de l’anesthésie lors des castrations.

Une première dans le pays, où près de neuf Allemands sur dix affirment attacher de l’importance au sort réservé aux animaux d’élevage lors de leurs achats, selon un sondage publié jeudi par le ministère de l’Agriculture qui a financé le développement des deux labels.

Ces nouveaux étiquetages ont été présentés lors du salon de l’agriculture de Berlin, la Grüne Woche, où sont attendus 400 000 visiteurs jusqu’au 27 janvier.

« Les consommateurs sont préoccupés parce qu’ils voient à la télévision et le traitement des animaux est un thème de plus en plus important pour eux. Certains ne veulent plus manger de viande et le nombre de végétariens augmente », explique Jutta Jacksche, de la fédération allemande des consommateurs.

Signe de cette évolution, 25 000 manifestants se sont réunis dans la capitale allemande samedi afin de dénoncer notamment les souffrances animales, l’emploi croissant d’antibiotiques et les dégâts écologiques provoqués par l’élevage intensif.

Premier producteur de porcs en Europe

En particulier, plus de deux millions de truies seraient élevés dans des espaces confinés en Allemagne, sans liberté de mouvement, affirme l’association Vier Pfoten.

« La production animale du secteur agricole allemand est orientée vers le rendement », dénonce Esther Müller, chercheuse pour la fédération allemande de défense des animaux.

Premier producteur de viande porcine en Europe, l’Allemagne produit 17 fois plus toutes viandes confondues qu’elle ne consomme, selon une estimation de la fondation Heinrich-Böll, proche des écologistes, et sa production a atteint 8,44 millions de tonnes en 2011, soit une hausse de 4,7 % sur un an.

Or la recherche du rendement « se traduit par beaucoup de problèmes, comme par exemple des déformations osseuses dans les élevages intensifs de poulets. Les petites exploitations ont tendance à disparaître et plus d’animaux sont rassemblés dans moins de fermes », ajoute Esther Müller.

Souvent pointés du doigt par les détracteurs de l’industrie agroalimentaire en Allemagne, les Etats régionaux de Rhénanie du Nord-Westphalie, de Basse-Saxe ou de Bavière concentrent la plupart des élevages géants.

Difficile toutefois de généraliser, tempère Mme Jacksche. « Certaines grandes exploitations ont de hauts niveaux de qualité, tandis que les conditions d’élevage dans certaines structures plus petites peuvent être calamiteuses ».

Crainte d’une réglementation trop rigide

De son côté, la fédération allemande des agriculteurs (DBV) fait valoir que le secteur investit chaque année plusieurs millions d’euros en vue d’améliorer le confort des animaux.

Joachim Rukwied, patron de la BDV, estime que « le secteur agricole offre à ses animaux des conditions décentes. Nos agriculteurs sont parfaitement formés pour l’entretien de leurs bêtes. Le haut niveau de rendement de notre élevage ne serait pas possible si les animaux ne se sentaient pas bien ».

« Au niveau mondial, nous jouons en ligue 1 », ajoute-t-il.

Par ailleurs, la filière met en garde contre une réglementation trop rigide, synonyme pour elle de coûts supplémentaires et de réduction des marges.

Depuis peu, la loi allemande a toutefois durci ses exigences, interdisant notamment la castration des porcs sans anesthésie à partir de 2019.

Source : Ouest-France

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