Les animaux souffrent aussi quand les enfants s’en vont

Les animaux souffrent aussi quand les enfants s’en vont

Le 14/04/2012

Le «syndrome du nid vide» n’affecte pas que les parents. Les animaux de compagnie,en particulier les chiens et les chats, développent parfois des troubles anxieux lorsque les jeunes adultes de la famille où ils vivent partent du foyer ou que les enfants reprennent le chemin de l’école.
        
Contrairement aux membres de la famille, les animaux subissent le départ sans avoir pu s’y préparer.

«La première semaine où j’ai quitté la maison familiale pour commencer mes études universitaires, mon chien a déchiqueté mon couvre-lit», se souvient Romaine Spahr, vétérinaire comportementaliste à Sion. Un être s’en va, et c’est un monde qui s’écroule. Comme les parents, les animaux sont parfois victimes du «syndrome du nid vide», c’est-à-dire un sentiment de malaise qui apparaît au moment où les enfants quittent le cocon familial. Même si les comportementalistes animaliers emploient plutôt le terme de «perte d’une figure d’attachement», on a bien affaire à un mal-être lié à des repères qui se brouillent, à une absence qui se fait cruellement sentir. Et ce phénomène peut aussi apparaître à la fin des vacances scolaires. «Durant l’été, tous les enfants sont généralement à la maison. Puis ce rythme se modifie à la rentrée, provoquant chez certains animaux une réponse anxiogène», affirmait, sur ABC News, la vétérinaire comportementaliste américaine Debra Horwitz. Selon Romaine Spahr, pas besoin d’une longue période de congé, un bouleversement de la routine qui persisterait un ou deux jours pourrait déjà suffire: «Sur le principe, cette manifestation d’anxiété est la même que lorsqu’il y a des changements de cadence entre le temps libre et les horaires d’école. On s’occupe alors moins de l’animal. S’il est équilibré, ces absences répétées ne devraient pas avoir de conséquences sur lui. Dans le cas inverse, cela peut le déstabiliser.»

Tempérament et liens affectifs Les bêtes se montrent d’ailleurs souvent davantage secouées par le départ d’un enfant que les parents eux-mêmes, car cette séparation ne leur a pas été préalablement notifiée, comme le souligne Debra Horwitz: «Les humains n’aiment pas forcément ces changements, mais savent à l’avance qu’ils vont intervenir. En outre, que ce soit chez les animaux ou les humains, certains individus montrent une meilleure capacité d’adaptation que d’autres.» La réaction ne dépend pas de la race de l’animal, mais de son tempérament, de la qualité des liens tissés avec les ados qui sont partis, ainsi que de son rapport avec les membres de la famille qui restent. «Tous les animaux avec lesquels nous vivons de manière proche peuvent être concernés, mais le plus souvent, ce sont les chats et les chiens qui réagissent le plus à cette «perte», note Romaine Spahr. Quels sont les symptômes classiques? Des signes dépressifs: l’animal ne s’implique plus autant qu’avant dans les activités, ne vient plus chercher de caresses, et ne fait plus la fête à ses maîtres quand ils rentrent. Il reste dans son coin, et peut devenir irritable et moins tolérant, sans oublier l’apparition de manifestations d’anxiété (halètements, agitation, pleurs, aboiements), qui s’accompagnent souvent de destructions ou de malpropreté.

Une transition en douceur Pour prévenir ces dérives, les spécialistes préconisent une transition en douceur, qui permette à l’animal de s’habituer au contexte à venir. «Avant la fin des vacances, les jeunes qui quitteront la maison vont progressivement moins s’occuper de l’animal (caresses, jeux…), pour laisser ce soin aux autres personnes du foyer», préconise Romaine Spahr. On peut aussi décider de se lever progressivement chaque jour un peu plus tôt, de préparer son sac à l’avance, ou de programmer de brèves absences d’environ une heure. Si le jeune ne s’absente que durant la journée, cela peut aussi aider de prévoir une stimulation, telle une balade ou une session de jeu, avant de partir suivre ses cours ou d’aller au travail. «Laisser un jouet dans lequel est cachée de la nourriture est un bon moyen de lui permettre de tromper l’ennui», conseille Debra Horwitz. En outre, préférez un départ rapide à un long au revoir. Dans les cas extrêmes, quand l’animal n’arrive pas à retrouver sa qualité de vie et en souffre, un traitement médicamenteux peut être prescrit. «En parallèle à la prise d’antidépresseurs, on lui fera suivre une thérapie comportementale, par exemple par le jeu, afin de lui apprendre à relativiser la situation», explique Alain von Allmen, vétérinaire comportementaliste à Neuchâtel. Mais avant d’en arriver là, on peut aussi gicler des phéromones apaisantes, qui évoquent celles secrétées autour des mamelles de la chienne lors de l’allaitement. Toutefois, selon les deux spécialistes suisses, le «syndrome du nid vide» à proprement parler n’est de loin pas le premier motif de consultation. «Car souvent, l’animal est attaché à plusieurs membres de la famille, et l’équilibre se rétablit normalement assez vite, avancent-ils. Les gens consultent généralement lorsqu’il y a d’autres changements majeurs qui vont affecter le rythme de vie de l’animal, comme un divorce ou une reprise d’une activité professionnelle de la mère des enfants.» Plus le nid familial se vide, plus l’anxiété est susceptible d’augmenter…

Source : Le Matin

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