Les animaux hypoallergéniques, ça n’existe pas
Le 31/10/2014
Certaines races d’animaux sont conseillés aux allergiques par les éleveurs de chiens et de chats mais pas par les allergologues.
Pour le Pr Frédéric de Blay (CHU Strasbourg), l’appellation «hypoallergénique» a de quoi faire sourire: «Deux chats, deux chiens, deux chevaux, n’ont déjà pas les mêmes taux d’allergènes selon leur race, le fait qu’il s’agisse de mâles ou de femelles (ces dernières en produisent moins), le fait qu’ils soient stérilisés ou pas, le moment de la journée, etc. Aussi, il est bien difficile de parler d’animal hypoallergénique dans ce contexte.»
Et ce n’est pas parce que les animaux présentés comme tels ont peu ou pas de poils ou, au contraire, des poils qui ne tombent pas (peu de mue), que cela prouve quoi que ce soit: «Les allergènes sont aussi produits par les glandes sébacées de la peau. Par exemple, Feld 1, qui est l’allergène majeur du chat, est retrouvé sur les poils, la peau, dans la salive et même dans les glandes anales de l’animal! De plus, au moins sept autres allergènes du chat ont été identifiés», rappelle le Dr Catherine Quequet, allergologue libérale.
Preuve que Feld 1 ne fait pas tout, une société américaine ayant commercialisé des chats génétiquement modifiés pour ne plus produire cette protéine en 2006, a depuis été dénigrée par des acquéreurs ayant déboursé plusieurs milliers de dollars pour un chat soi-disant sans risque, mais qui a déclenché des crises chez les petits ou grands allergiques de leur famille.
Vétérinaires sceptiques
Conséquence: le sphinx et le savannah, le chat devon rex, le chat cornish rex, le chat sibérien, des chats réputés hypoallergéniques, ainsi que le chien nu, le caniche, le bichon, le coton de tuléar, le barbet, le chien d’eau portugais, sont conseillés aux allergiques par les éleveurs… mais pas par les allergologues qui rappellent que même une faible quantité d’allergènes peut être suffisante pour déclencher des troubles respiratoires chez les personnes sensibilisées.
Une étude vétérinaire s’est d’ailleurs intéressée à la quantité d’allergènes présente dans l’habitat de chiens présentés comme naturellement hypoallergéniques: surprise, elle n’a pas retrouvé de différence significative avec les taux observés là où vivent des chiens «classiques». La notion d’animal hypoallergénique laisse donc aussi bon nombre de vétérinaires sceptiques. «Et dans la mesure où les conséquences peuvent être dramatiques – un asthme non contrôlé tue encore chaque année – il n’est pas possible de se contenter d’approximations», note le Pr de Blay.
«Le problème, c’est qu’une personne allergique ne peut jamais avoir la certitude qu’elle ne fera jamais aucune réaction, ni maintenant, ni durant toutes les années de vie de son animal. Une donnée à prendre en compte avant de craquer», concluent les trois spécialistes.
Source : Le Figaro