Le plus vieux fossile de grand chat découvert au Tibet

Le plus vieux fossile de grand chat découvert au Tibet

Le 15/11/2013

Vers la fin du miocène rôdait sur le plateau tibétain une pan­thère inconnue. Antilopes, pikas (ou lièvres siffleurs) et moutons bleus tremblaient à son approche.

Elle nous a laissé des fragments de son crâne, retrouvés par une équipe sino-américaine dans le bassin de Zanda (Himalaya). Un fossile vieux de 4,1 à 5,95 millions d’années, selon Jack Tseng, auteur de l’étude parue dans Proceedings of the Royal Society B. Soit le plus vieux fossile d’un membre du genre Panthera jamais retrouvé, explique le paléontologue du Muséum d’histoire naturelle de New York, et qui marque la découverte d’une nouvelle espèce baptisée Panthera blytheae . Un hommage à Blythe Haaga, fille d’un généreux donateur du Muséum de Los Angeles.

En 2010, alors doctorant à l’Université de Californie du Sud, Jack Tseng trouve avec son équipe plus d’une centaine de fragments d’os et de dents ; parmi ceux-ci, sept morceaux de crâne appartenant à au moins trois individus, dont un crâne presque complet. «C’est une découverte importante», commente Stéphane Peigné, paléontologue au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, qui salue la découverte d’«un beau fossile, avec beaucoup de caractères conservés. Cela précise pas mal de choses à propos des panthérinés. Nous n’avons pas beaucoup de fossiles de ce genre, et ils ne sont pas très bien répartis dans le temps. Cette découverte va donc changer notre vision de l’histoire évolutive de ces félins».

Car les ancêtres des Panthera, un ­genre de Pantherinae représenté aujourd’hui par les léopards, lions, tigres et pan­thères des neiges (ou onces), nous ont laissé bien peu de traces de leur passage sur terre. «Les fossiles dont nous disposons sont peu complets et leur morphologie est très homogène.» Les squelettes de chat et de lion présentent peu de différences, hormis par la taille… il est donc difficile de caractériser les genres.

Localiser les grands chats

En menant de front une étude anato­mique et une analyse ADN des fragments retrouvés, le paléobiologiste américain a ainsi fait «reculer» l’apparition des grands félins de quelque deux millions d’années. Jusqu’à présent, la plus vieille trace de leur existence remontait à 3,6 millions d’années, grâce à un fossile retrouvé en Tanzanie. «On fait un bond en arrière», dit Stéphane Peigné, bond qui permet de «boucher» le trou entre les spécimens connus jusqu’à maintenant et l’époque où l’on pense que les panthérinés ont divergé, il y a 6,3 millions d’années. «C’est la plus vieille es­pèce mais pas la plus primitive», a précisé Jack Tseng au Los Angeles Times. «Cela veut dire qu’il existe des chats plus primitifs», qui restent à découvrir.

Cette trouvaille permet aussi de localiser plus précisément l’apparition des «grands chats». Les spécialistes hésitaient encore entre l’Afrique (comme le fossile tanzanien) et l’Asie (désignée par les analyses moléculaires). C’est donc, semble-t-il, en Asie centrale que ces animaux sont nés, avant d’essaimer plus au sud et en Afrique.

Ce grand chat-là était proche du léopard des neiges, mais plus petit d’environ 10 %. Son crâne ressemblait à celui de la panthère nébuleuse, hormis des particularités anatomiques au niveau des dents. Pour Tseng, léopard des neiges et Panthera blytheae représentent «une nouvelle lignée, adaptée à l’environnement du plateau tibétain».

Source : Le Figaro

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