Le chien, meilleur ami de l’aide-soignant

Le chien, meilleur ami de l’aide-soignant

Le 16/07/2011

Tracy, Dakar, Upton et Virgule sont les chouchous de la maison de retraite de La Roselière, à Kunheim (Haut-Rhin). Quatre chiens imposants et débordants d’énergie qui arrivent tout feu tout flamme pour remplir leur mission : apporter par leur simple présence joie et réconfort parmi les résidents. C’est un métier à part entière, pour lequel les toutous ont été formés. Ils ont été éduqués pendant deux ans : d’abord en famille d’accueil, puis dans un centre spécialisé. Très bien élevés, les trois labradors et le nova scotia (retriever), ne sautent pas sur les résidents, n’aboient pas, mais frétillent de la queue pour manifester leur bonne humeur.

Quand ils pénètrent dans l’unité protégée des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, les regards des résidents s’animent. L’attention se porte immédiatement sur les animaux qui viennent les flairer et leur dire bonjour à coups de truffe. Les visages apathiques et fermés s’éclairent devant ces animaux pleins de vitalité, venus de l’extérieur. Un vieil homme caresse le labrador noir en lui parlant : "Très, très gentil Dakar." Sa voisine tient la laisse d’Upton en murmurant : "Il est sage."

Il y a onze ans que Robert Kohler, le directeur de La Roselière, a introduit un chien dans l’Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Cette arrivée ne s’est pas faite sans mal. Les réticences d’une partie du personnel ont été l’occasion d’engager un débat et de mettre véritablement les résidents au centre des préoccupations.

"En acceptant un animal, on montre la capacité d’ouverture des établissements aux droits sociaux et culturels des personnes âgées, commente le directeur. C’est une population fragilisée à qui on doit beaucoup plus que les autres, alors qu’on a tendance à les écarter."

Depuis, le personnel est convaincu des bienfaits des animaux sur les pensionnaires de la maison de retraite (127 personnes dont trente en unité protégée atteints de la maladie d’Alzheimer). Deux aides médico-psychologiques, Christelle Wolff et Camille Marchal, ont été formées pour s’occuper des chiens. "Depuis que je travaille avec eux, je vois la différence. Les résidents, grâce à la médiation de l’animal, engagent des conversations entre eux. Cela crée du lien, commente Christelle Wolff. Quand les résidents ont passé une mauvaise nuit, ou qu’ils sont angoissés, on peut leur laisser un chien pendant trois quarts d’heure. Cela les apaise." Les soins sont facilités. "Je faisais les bains avec Dakar, et une personne qui veut toujours sortir de l’eau est restée paisible grâce à lui. C’était un moment magique", témoigne Mme Marchal.

Il n’y a rien de spectaculaire, juste des petits moments de plaisir et d’apaisement quand un résident agité promène le chien dans l’unité Alzheimer, quand d’autres sourient ou rient en les voyant arriver. "L’animal vient pallier les nombreux manques affectifs, sociaux, en milieu institutionnel. Il fournit une sorte de communication non verbale qui rassure et réconforte. Les animaux procurent de l’amour et de l’affection, sans condition et sans jugement", analyse M. Kohler.

Les conditions d’hygiène ou de sécurité avancées par le passé pour barrer la route aux chiens aux Ehpad ont vécu. Les chiens sont éduqués et toujours sous contrôle d’un soignant. Quelques règles simples s’imposent : leur interdire l’accès aux cuisines et ne pas leur donner les déchets, se laver régulièrement les mains quand on est au contact des animaux, les surveiller pour éviter qu’ils fassent chuter les résidents. Persuadé de l’intérêt de la médiation animale, le directeur a fondé, en 2006, l’association de chiens visiteurs Quatre pattes pour un sourire. Comme pour l’Ehpad, les chiens sont éduqués et fournis gratuitement par l’association Handi’chiens. Ils visitent 23 établissements du Haut-Rhin mais, faute d’animateurs, trois autres sont en liste d’attente. Aujourd’hui, Quatre pattes pour un sourire organise un atelier toilettage pour huit résidents de La Roselière. C’est l’occasion de raviver la mémoire des participants : le nom des animaux, la race, la couleur sont passés en revue. Les quatre chiens montent à tour de rôle sur une petite table et sont brossés par les participants. "C’est bon pour la motricité des membres, explique Valérie Behra, salariée de l’association. Cela valorise les gens, ils donnent des ordres simples aux chiens qui leur obéissent. Si ce n’est pas le cas, nous répétons la commande avec eux pour qu’ils ne soient pas en échec."

En une dizaine d’années, les chiens ont fait leur entrée dans les maisons de retraite. Une étude menée en 2010 par Robert Kohler auprès des 7 725 Ehpad a révélé que 10 % des établissements avaient des chiens en permanence. Au total, 69 % énoncent une présence animale ponctuelle ou constante. Pour M. Kohler – qui a présenté, le 12 juillet, une thèse sur l’état des lieux de la médiation animale dans les Ehpad en France, à l’université Jean-Moulin Lyon III -, plusieurs études tendent à démontrer que la possession d’animaux domestiques contribue à une réduction des coûts de santé de leurs propriétaires.

Source : Le Monde

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