Franz-Olivier Giesbert : « Le combat pour les bêtes commence ici et maintenant »

Franz-Olivier Giesbert : « Le combat pour les bêtes commence ici et maintenant »

Le 20/10/2014

En octobre dernier, à l’initiative de la Fondation 30 Millions d’Amis paraissait le Manifeste des 24 intellectuels pour changer le statut juridique de l’animal dans le Code civil.

Aujourd’hui, ce changement du droit des animaux est au cœur même du débat public et politique. C’est dans ce contexte réjouissant que Franz-Olivier Giesbert publie « L’animal est une personne »* (Ed. Fayard), un véritable cri de ralliement contre la souffrance animale.

Fondation 30 Millions d’Amis : Vous avez grandi au milieu des animaux de ferme. Quel regard portiez-vous sur ces compagnons lorsque vous étiez enfant ?
Franz-Olivier Giesbert : Mes parents, des « bobos » bios avant l’heure, avaient acheté une ferme en Normandie, sur le plateau du Roumois. J’ai donc vécu mon enfance puis mon adolescence au milieu des bœufs, des vaches, des chèvres, des chats, des poules, des canards, des pintades… A mes yeux, ils étaient tous des membres de ma famille que j’agrandissais même aux veaux et aux porcs qu’élevaient nos voisins. C’est là que j’ai commencé à avoir un rapport particulier avec les animaux, à leur parler, à les aimer, à les comprendre. C’est là aussi que je suis devenu de plus en plus végétarien, m’interdisant d’abord de manger du porc que je sentais si proche de nous, avec sa façon de stresser, puis du veau ou du bovin en général, une espèce tellement sage et patiente, que je la qualifie de philosophique dans mon ouvrage.

F30MA : L’adulte que vous êtes devenu a conservé cette compassion envers les animaux. Continuerez-vous à mettre votre notoriété à leur service ?
F.-O.G. : Oui, bien sûr. C’est une cause que je sers depuis longtemps, dans mon travail de journaliste et jusque dans mes romans. Parallèlement à mon essai sur les animaux, je publie d’ailleurs un « Manifeste »** auquel ont collaboré Michel Onfray, Boris Cyrulnik ou Elisabeth de Fontenay. Et ce n’est qu’un début. Plus ça va, plus je deviens militant. Pour une raison toute simple : s’il y a eu des avancées en matière de bien-être pour des animaux de compagnie, pour les bêtes à viande, j’observe d’affreuses, d’abominables régressions, dans les élevages comme dans les abattoirs. Ces dérives sont d’autant plus inexcusables qu’elles se produisent à un moment où, comme je le raconte dans mon essai, la science nous apprend que nos sœurs et nos frères les bêtes sont beaucoup plus proches de nous qu’on pouvait le penser. Qu’elles rient, qu’elles sont capables d’empathie ou qu’elles ont, comme nous, la conscience de soi, tel le cochon qui se regarde dans le miroir.

F30MA : Votre ouvrage est un véritable cri contre la souffrance animale. Comment est née l’idée de cet essai ?
F.-O.G : Pour paraphraser George Bernard Shaw, les animaux sont mes amis et je n’ai aucune raison de laisser souffrir mes amis. « L’animal est une personne » est un constat objectif doublé d’un cri d’amour et de colère. Ma femme m’a poussé à l’écrire, à force de m’entendre enrager devant notre passivité face à l’impardonnable. Je ne supporte plus d’entendre les mêmes fadaises quand on évoque les souffrances qu’on fait subir aux bêtes à viande : « Est-ce qu’il n’y a pas des choses plus importantes à faire pour les humains avant de s’occuper des animaux ? » Pour moi, la compassion ne se divise pas. J’observe par ailleurs que ceux qui sont engagés dans la cause animale, sont souvent très actifs contre les guerres ou les injustices sociales. Quand on a du cœur, c’est pour tout le monde !

F30MA : La modification du statut juridique de l’animal dans le Code civil, actuellement en débat à l’Assemblée nationale, et dont la Fondation 30 Millions d’Amis est à l’initiative, s’inscrit-elle dans votre démarche ?
F.-O.G. : Bien sûr, bravo à vous ! C‘est une belle victoire à laquelle j’applaudis. Mais il ne faut s’arrêter là. Nous devons tous travailler à changer les mentalités et faire prendre conscience à tous les animaux humains que les animaux non-humains ont aussi droit au respect. C’est la raison d’être de mes deux livres.

F30MA : Vous connaissez bien les dérives de l’élevage industriel aux Etats-Unis. Comment empêcher ces pratiques atroces de se développer ?
F.-O.G : Ce qui se passe dans les élevages industriels américains, n’est certes pas reluisant et souvent même à vomir mais, de grâce, balayons aussi devant notre porte ! Une pensée pour nos poules qui, pondant au rythme démentiel de 300 œufs par an, ne peuvent plus tenir sur leurs pattes. Une autre pour nos veaux en batterie, gavés d’antibiotiques, qui n’arrivent plus à marcher et qu’il faut traîner au poste d’abattage. Une troisième pour les porcs traités comme des machines à faire de la viande. Où est l’humanité là-dedans ? Et je passe sur les conditions d’abattage… Le combat pour les bêtes commence ici et maintenant.

F30MA : Vous définissez le chien comme « un compagnon des bons et des mauvais jours ». Vivez-vous toujours entouré d’animaux ?
F.-O.G : Tout au long de ma vie, j’ai eu des amis chiens, chats, chèvres, perroquets, bœufs, vaches, canards, dindes… Ces dernières années, mon nomadisme compulsif m’a interdit provisoirement de vivre avec des animaux de compagnie, que je ne voudrais pas laisser seuls, abandonnés. Mais je reste entouré d’animaux comme pendant ma jeunesse dans la campagne entourant mon mas dans le Vaucluse. Des animaux sauvages, notamment des chevreuils, des écureuils et des sangliers.

Source : 30 Millions d’Amis

Franz-Olivier Giesbert : "Le combat pour les bêtes commence ici et maintenant"

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