En Russie, on brave les animaux sauvages avec insouciance

En Russie, on brave les animaux sauvages avec insouciance

Le 12/08/2013

Un coup de peigne à la petite Macha et sa maman la fait poser à côté d’un guépard, simplement tenu en laisse à l’entrée d’un cirque à Moscou: les Russes bravent souvent les animaux sauvages avec insouciance, au prix de quelques drames.

Les familles russes, l’été venu, se dirigent vers les parcs et les chapiteaux en y emmenant leurs enfants, dans l’espoir de faire «une photo inoubliable» avec des animaux parfois présentés dans les endroits les plus animés des grandes villes.

Piotr Loznitsa, père de deux fils de 12 et un an, ne craint rien de la part des animaux-modèles. Il laisse son aîné prendre la pose à côté d’un jeune guépard à l’entrée du cirque de Tsvetnoï Boulevard, au centre de Moscou. «J’ai confiance en dresseurs», explique-t-il.

Cette confiance serait-elle «un héritage de notre infantilisme soviétique, où nous nous croyions aveuglément protégés par l’État qui contrôlait tout?», s’interroge ce décorateur de 49 ans.

Même après une série de piqûres contre la rage que son fils aîné avait subies, mordu à la jambe par un singe, poser avec un animal avant une représentation de cirque est pour Piotr «aussi naturel que de prendre une coupe de champagne au ballet, au Bolchoï».

«Tout le monde fait ça», explique-t-il. Mais Piotr a un tabou: il ne laissera jamais ses fils poser avec un ours. «Avec les ours, vous n’êtes jamais protégés, croyez-moi, j’ai vécu un temps dans la taïga», dit-il d’un ton grave.

Evguénia, une vendeuse de 44 ans, a eu elle aussi une mauvaise expérience avec sa Dacha de six ans, qui, rassurée par le dresseur-photographe, a pris un iguane sur son épaule, le mois dernier.

«Ma fille garde toujours les traces de cette égratignure sur son épaule», confie-t-elle, avant d’en conclure: «Maintenant on se fera photographier avec n’importe quel animal sauf l’iguane».

Comme Dacha, des dizaines d’enfants sont victimes d’accidents avec des animaux sauvages chaque année en Russie, relève le chargé russe pour les droits de l’enfant Pavel Astakhov qui appelle à interdire cette activité lucrative. Malgré le soutien des organisations de défense des animaux, l’initiative reste cependant lettre morte.

Après les chevaux classiques de l’époque soviétique, que l’on peut du reste toujours croiser en plein Moscou sans grandes mesures de sécurité, les Russes de tous âges posent souvent sans hésiter avec des ours, lions, guépards et tigres, présentés au public dans des parcs ou des complexes de loisirs.

Drogués et privés parfois de griffes et de crocs, ces fauves, souvent des animaux de cirque à la retraite, «ne présentent pas de danger», assurent leurs maîtres.

«L’intérêt lucratif remplace ici le bon sens», explique de son côté Boris Maïkhrovski, vice-directeur de la Compagnie d’État du Cirque de Russie, qui a strictement interdit l’utilisation des animaux dans ce type d’activité après une série d’accidents.

«Un éléphant par exemple est capable de tuer n’importe qui en l’écrasant contre le sol avec sa trompe», explique à l’AFP cet ancien dresseur.

Mais la pratique reste toujours courante dans les établissements privés, aux risques et périls des participants.

L’an dernier, trois graves accidents ont été enregistrés au seul mois d’août.

Une fillette a été gravement mutilée par un ours, détenu dans une cage mal protégée, dans un complexe touristique au nord de Moscou, alors qu’elle lui offrait une friandise sous l’œil bienveillant de ses parents.

La veille, un léopard avait attaqué et blessé deux adolescentes dans un cirque à Togliatti, une ville sur la Volga, et quelques jours plus tôt, un ours avait mutilé une fillette qui voulait lui donner à boire dans une colonie de vacances à Blagovechtchensk, en Sibérie.

Deux ans plus tôt, dans la même région de Sibérie, un garçon de trois ans que ses parents avaient posé près de la cage d’un tigre pour le prendre en photo, a été grièvement mutilé par le fauve.

Source : AFP

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