Bordeaux : que faire contre la vente de chiots sous le manteau

Bordeaux : que faire contre la vente de chiots sous le manteau

Le 02/07/2012

Une association de protection des animaux dénonce la vente à la sauvette de chiens dans la rue. La police confirme être de plus en plus sollicitée à ce sujet.

C'était la semaine dernière, rue Porte-Dijeaux, pendant la pause déjeuner. Fabienne qui partait faire les soldes en est revenue bredouille et écœurée. Alors qu'elle marchait dans la rue, elle a aperçu, allongée à côté d'un homme qui mendiait, une chienne entourant des chiots, mamelles gonflées, sans eau malgré la chaleur.

Elle s'est approchée pour caresser les animaux et a tout de suite compris qu'elle gênait une transaction. « Cela m'a choquée qu'on vende ainsi des chiens dans la rue, témoigne-t-elle. Il y a deux mois, on m'a déjà proposé deux chats à 10 euros, rue Sainte-Catherine. C'est insensé ! ». La jeune femme a alors posé des questions sur l'origine des animaux, a volontairement haussé le ton en parlant d'activité illégale avant d'être littéralement dégagée par ses interlocuteurs.

Rarement en flagrant délit

Quand la police est arrivée, il n'y avait ni mendiant ni chiens à l'endroit indiqué. Les services de police confirment cependant qu'ils sont de plus en plus sollicités pour ces ventes à la sauvette d'animaux dans les rues de Bordeaux, notamment à Sainte-Catherine ou Porte-Dijeaux. Suite à des courriers de riverains, de commerçants, d'élus eux-mêmes alertés par leurs administrés, des vérifications et enquêtes ont été menées. Sans grand résultat tant il est difficile de surprendre la vente illégale en flagrant délit. « Le mieux est de prévenir le 17 dans l'instant », conseille un policier que cette problématique touche.

Attention cependant à ne pas faire l'amalgame avec les chiens de sans domicile fixe, fidèles compagnons de route avec lesquels ils partagent la même galère, qu'ils ne quitteraient pour rien au monde, quitte à dormir dehors si l'animal n'est pas le bienvenu en halte d'accueil. Erik, rencontré en fin de semaine dernière rue Sainte-Catherine le prouve et tient à le montrer : alors qu'il ne sait pas de quoi son dîner sera fait, il extirpe un sac de croquettes pour chien de son baluchon. « Sans lui, je ne serais plus là alors je m'occupe déjà de lui ».

Les animaux servent souvent à amadouer le passant. « Mais là, quand on discute un peu avec ces mendiants, sous couvert de mendicité, ils le proposent clairement à la vente », explique Laurent Blanchard, passionné et inconditionnel de la cause animale au sein de « Vénus ». Il y a deux ans, son association a récupéré plusieurs chiots de type labrador ainsi vendus dans la rue « par des gens des pays de l'Est et confisqués en tant qu'objet du délit de vente à la sauvette. Nous les avons fait adopter ».

« Je comprends la misère énorme de certains, mais je ne conçois pas qu'on fasse du business sur le dos des animaux, en se moquant de leur confort, ce qui revient à de la maltraitance. Avant, pour faire craquer les gens et les convaincre de donner un peu d'argent, certains amenaient leurs enfants ou leurs bébés dans la rue, maintenant, ce sont les chiens », ne décolère-t-il pas. Pour certains passants, pris de pitié ou frappés d'un coup de foudre pour le petit animal aux yeux implorants, c'est comme un achat compulsif. Mais cet animal sans papiers, sans passé, sans suivi vétérinaire est aussi la garantie de nombreux problèmes à venir.

Il y a des endroits réglementés – animaleries, éleveurs, voire petites annonces – pour vendre des animaux. « Au-delà de six mois, ils doivent être identifiés », rappelle Laurent Blanchard. Car une question le taraude : d'où viennent ces chiens vendus dans la rue ?

L'animal devenant produit de consommation, il peut faire l'objet d'un trafic, être volé et revendu. D'où les appels à la vigilance de certaines associations de défense des animaux, comme la Fondation 30 millions d'amis, qui préconisent de ne jamais laisser un animal sans surveillance, même dans une voiture ou dans un jardin clôturé un jour d'absence de propriétaire. « Cela pourrait alimenter les trafics de certains qui font la manche avec un animal ».

Source : Sud-Ouest

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