« A.L.F. » : un ciné-tract pour la cause animale

« A.L.F. » : un ciné-tract pour la cause animale

Le 06/11/2012

Cette fois, l'acronyme ne se développe pas en Alien Life Form, comme dans "ALF", la série américaine, mais en Animal Liberation Front, comme dans ces opérations commando qui libèrent des animaux destinés à l'expérimentation. Pas d'extra-terrestre velu donc, mais des bêtes de tous poils soumises à des tortures terrifiantes.

Le film est entrecoupé d'images au statut incertain, filmées dans des laboratoires – singes au crâne percé d'électrodes, chiens délibérément asphyxiés. Il n'est pas question de douter de l'authenticité de ces brèves séquences documentaires, simplement de remarquer qu'elles sont extraites de tout contexte.

On aurait pu y ajouter les rats blancs cancéreux du professeur Séralini, nourris aux OGM, mais très vite on comprend que le réalisateur et scénariste n'est pas ici pour poser des questions. Il préfère répondre à celle qu'énonce l'un des personnages de cette fiction propagandiste : "Que faisiez-vous pendant l'holocauste des animaux ?".

Jérôme Lescure faisait un film, l'histoire découpée en tranches dispersées dans le temps de l'incursion d'un groupe de militants dans un laboratoire afin d'en extraire des chiens promis à la vivisection. Puisque le dirigeant de ce petit groupe est interrogé par un policier compréhensif, on comprend que l'affaire a mal tourné.

Un bref moment, on se demande si ce militant, Franck (Alexandre Laigner), va se laisser aller au doute. Il faut bientôt se rendre à l'évidence, Franck est un martyr, prêt à sacrifier sa liberté à la juste cause. Il n'aurait pas fallu beaucoup plus qu'un court-métrage pour énoncer cette thèse, qui relève de l'évidence pour ses tenants.

Mais Jérôme Lescure a voulu lui donner la forme d'un long-métrage dramatique. Le scénario multiplie les personnages : une journaliste affligée d'un amant déçu et jaloux, une actrice qui découvre la futilité de son art en le comparant à la grandeur de la cause des animaux, un garçon qui préfère consacrer la nuit de Noël à la libération des chiens plutôt que de rester au chevet de sa mère agonisante.

Ces intrigues secondaires parasitent le propos principal, d'autant qu'elles sont maladroitement dialoguées et jouées, même si l'on voit apparaître de temps en temps quelques comédiens chevronnés (Philippe Laudenbach, Didier Sandre). Cette faiblesse est aggravée par l'absence du morceau de bravoure attendu – la libération des chiens – sans doute impossible à réaliser faute de moyens.

La candeur un peu stridente de ce film en limite l'intérêt, tout en en garantissant la sincérité. A.L.F. est pourtant voué à l'échec, tant sa maladresse lui interdit d'attirer l'attention des indifférents. Au mieux, Jérôme Lescure aura réussi à conforter la foi des convertis.

Source : Le Monde

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