Pourquoi les animaux cartonnent sur Internet

Pourquoi les animaux cartonnent sur Internet

Le 23/12/2013

WEB – Qu’est-ce qui nous pousse à liker toutes les vidéos de pandas?…

Surprised kitty: 72,3 millions de vues sur YouTube. Si les chats sont les rois d’Internet, tous les animaux ont les faveurs des internautes. Ainsi, sur 20minutes.fr, le diaporama qui leur est consacré ne quitte que rarement le top 5 des contenus visités sur le site. L’article «Le chat sait reconnaître la voix de son maître, il choisit juste de l’ignorer» a suscité près de 20.000 recommandations Facebook et a été vu 43.000 fois.

Twitté, liké, mangé?

Pourquoi un tel engouement pour les photos d’animaux? Pour la même raison que nous aimons tous les pandas, qui sont comme l’écrit une internaute, «de vraies peluches», les animaux nous ramènent à notre enfance et à notre programmation génétique: grands yeux ronds, petite taille, piaillements… Evidemment, plus l’animal est mignon, plus il sera liké, twitté, embeddé. «On a envie de donner à voir aux autres les émotions positives procurées par ces scènes, comme un contrepoint à la morosité ambiante», commente Jean-Luc Vuillemenot, responsable de l’agence conseil Animal, Faits & Société. Quand Yuan Yuan, femelle panda, retrouve en août dernier, son petit à Taipei, Elena commente: «Un peu de douceur, ça fait du bien.»

Cette tendance à aimer les animaux sur la toile va avec une montée du végétarisme et des mouvements de défense des animaux. Internet n’a d’ailleurs pas manqué de souligner le paradoxe qu’il peut y avoir à partager des photos de petits veaux trop craquants puis à se manger un bon hamburger, avec le Tumblr «Bons et mignons». Notre inconscient efface les images perturbantes pour nous éviter toute culpabilité. Une contradiction bien marquée chez les internautes de 20 Minutes. Lorsque nous partageons sur notre page Facebook, une photo d’une vache sauvée de l’abattoir, l’internaute AF censure immédiatement. «Et là, les gens vont « aimer », tout en continuant de manger leur viande, l’incohérence légendaire.»

«Je l’aime comme si je l’avais mise au monde»

Vues comme des remèdes à la solitude ou au cafard, les vidéos de chats, les bars à chats ou la ronronthérapie pourraient s’apparenter à un moyen de se racheter vis-à-vis des animaux. L’humanité n’a jamais autant consommé de viande et «il se pourrait que les animaux de compagnie soient inconsciemment associés à des animaux rédempteurs», estime l’anthropologue Jean-Pierre Digard, directeur de recherche au CNRS et auteur des Français et leurs animaux.

Les commentaires du style «les humains n’arrivent pas à la cheville des chats», ne sont pas le reflet d’une misanthropie mais d’une déception. Certains de nos internautes font de l’animal la seule vraie valeur refuge de 2013. Exemple avec cette conversation anthropomorphique, entre Patrick et Cécile sur notre page Facebook. Cécile a sauvé une vache de l’abattoir. «Garde-la, elle te sera reconnaissante toute sa vie», lui dit Patrick. «Je le sais, répond Cécile. Je l’aime comme si je l’avais mise au monde et nous apprenons beaucoup l’une de l’autre.»

Et si on se mobilise plus pour sauver des animaux que pour les enfants des pays en guerre, c’est parce que ces derniers nous renvoient à notre propre angoisse de la mort, pensent les psychologues, tandis qu’un animal éveille plutôt en nous un réflexe de protection. S’il en reste certains pour trouver que les chats sont détestables ou pour balancer sur les pandas, tant que des chats glisseront sur des toits enneigés, le Web se réjouira: «C’est une forme de retour aux joies simples de la vie quotidienne face à un monde difficile. Et c’est gratuit», pense Jean-Luc Vuillemenot.

Source : 20 Minutes

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