Montgeron : un homme abandonne vingt-quatre chiens de race

Montgeron : un homme abandonne vingt-quatre chiens de race

Filomène, la maman, est encore chamboulée mais ses six petits, boules de poils de moins de 15 jours, se portent bien. Lundi matin, Philippe K. a passé cette femelle sharpeï par-dessus la grille du refuge de Montgeron (Essonne). Il a laissé les chiots devant la porte… dans un seau. Le refuge devait déposer plainte hier "pour acte de cruauté".

"Les chiens ne sont pas des objets", s’agace Stéphanie Slusarek, présidente de l’association Animaux sans foyer qui fait tourner le refuge. La plainte, à laquelle va s’associer la fondation Bardot, vise l’abandon de Filomène et ses chiots mais pas seulement. En tout, Philippe K. aurait eu, puis délaissé, 24 chiens et chiots depuis décembre 2010. Et toujours des sharpeïs! D’ailleurs, jeudi dernier ce Parisien a été interpellé par la police municipale de Montgeron en train de jeter cinq autres spécimens par-dessus la grille du refuge. Philippe a été entendu au commissariat, mais le parquet d’Evry a classé l’affaire.

Il se défend de tout acte de cruauté

Avec sa peau plissée et sa bonne bouille, le sharpeï se négocie en moyenne entre 1 000 et 2 000 € l’animal. Philippe en est fou. Depuis un an, il s’en procure à tour de bras, les abandonnent, en rachète…

"J’aimais cette race-là, c’est tout", se justifie l’intéressé, joint hier par téléphone. Mais pourquoi une telle frénésie ? "Je me suis fait rouler plusieurs fois. On m’a vendu des chiens avec des problèmes aux yeux ou encore une patte tordue", explique-t-il. Résultat ? "Je les donne, je ne les laisse pas sur des aires d’autoroute", précise le quadragénaire qui se défend de toute cruauté. Pourtant, deux de ses chiens ont fini à la SPA de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) et un troisième a été retrouvé errant, dans un centre SPA du Loiret. En janvier, une autre bête a été tuée, percutée sur le périphérique. En mars, Philippe K. a laissé 4 sharpeïs au refuge de Montgeron contre un don de… 10 €.

Sitôt abandonnés, les chiens sont remplacés. Nord-Pas-de-Calais, Aquitaine, Champagne-Ardennes… Pour sa passion, le Parisien fait le tour de la France, quitte à laisser des ardoises un peu partout. Plusieurs éleveurs contactés parlent d’escroquerie aux chèques, de pressions. Mais le sharpeï est un petit monde et le nom de Philippe finit par circuler. "Des éleveurs ont refusé de lui vendre des chiots", confirme l’Association française pour le sharpeï, qui défend la race.

Le collectionneur promet qu’il a renoncé aux sharpeïs. "C’était une période pour moi un peu noire" dit-il. Il veut néanmoins retourner à Montgeron récupérer Filomène, ses petits et les autres chiens. "Pour les offrir à d’autres", précise-t-il.

Benjamin Jérôme – Le Parisien

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