Mon animal de compagnie est un cochon

Mon animal de compagnie est un cochon

Le 01/03/2012

Un cochon domestique ailleurs que dans le film "Babe", ça existe. Pierre Ristic et sa famille en ont même adopté deux. Plus étonnant encore à nos yeux de citadins, ce n'est pas un animal de compagnie atypique. Alors, plutôt que de vous demander si c'est du lard ou du cochon, lisez son témoignage.

Après avoir longtemps vécu en région parisienne, ma femme et moi avons décidé d’habiter à la campagne. Séduits par la proximité des animaux, nous avons craqué et pris une petite cochonne, puis une autre. Ces deux animaux, du nom de Pêche et Melba, sont devenus nos mascottes.

Chez le cochon, tout est bon : il est propre et j’adore son odeur

Il n’y a rien de très étrange à avoir comme animal de compagnie un cochon. Beaucoup de civilisations ont fait du cochon un animal domestique. Ce qui est amusant et souligne l’humanisation de ces bêtes, c’est que chaque peuple a sélectionné des races dont la couleur de la peau s’apparentait à celle des humains. Par exemple, les nôtres sont des cochons vietnamiens : ils ne sont pas roses comme les races occidentales, mais sont plus foncés.

Le cochon est un animal de compagnie idéal. On utilise l’expression "bête comme un cochon", mais il très intelligent et social. Nos cochonnes reconnaissent chaque personne dans la famille et, loin d’être agressives, sont aussi très câlines. Dès qu’on les gratouille un peu dans le coin de l’oreille ou derrière la cuisse, elles s’allongent sur le dos et en redemandent. Pêche et Melba n’expriment pas autant leur affection qu’un chat, mais elles sont très communicantes et viennent souvent se coller à nos jambes pour réclamer des caresses.

En parlant de chat, le cochon est au même niveau de propreté. Au début, nos petits animaux de compagnie vivaient dans notre maison. Ils ont compris que leur territoire de vie n’était pas l’endroit où ils allaient faire leurs besoins. Dès le premier jour, Pêche et Melba se sont plantées devant la porte et ont demandé à sortir. Chez le cochon, la propreté est innée.

Quant à l’odeur, dire qu’ils sentent mauvais est un cliché. Au contraire, j’adore leur odeur. Ils sentent super bon et ont un parfum qui rappelle la forêt et l’humus. À condition de privilégier une alimentation végétale. Nous les nourrissons principalement d’orge et leur donnons aussi les restes de nos repas, des légumes. Elles sont ravies !

Évidemment, il faut les nourrir modérément, car cet animal a un appétit constant. Je me souviens, petit, quand j’étais en vacances à la campagne chez mes grands-parents, j’ai tiré sur un pigeon, qui est tombé sur le haut du toit de la ferme et a roulé jusque dans l’enclos des cochons. Ils se sont rués dessus comme les piranhas dans les films : un cochon ne s’arrête jamais de manger tant qu’on remplit son auge.

En fait, tous ces aprioris sur le cochon sont en lien avec la question de l’élevage intensif. Un cochon qui vit une belle vie et dispose d’une surface suffisante ne sera jamais sale ni fétide. Je n’ai pas l’âme de Brigitte Bardot, mais il faut savoir que l’élevage porcin est industriel : on en vient même à programmer deux tétons supplémentaires pour les truies, au cas où l’une d’entre elle se montrerait agressive envers ses porcelets ; avec deux tétines en plus, on peut conduire à l’abattoir la truie récalcitrante et répartir les gorets.

Avant, on utilisait de la paille pour recueillir les excréments des porcs, on en faisait du fumier, que l’on mettait en compost à l’air pendant deux à trois ans avant de le broyer et de l’utiliser comme engrais naturel. Maintenant, les cochons sont mis sur des caillebotis, des grilles en métal, afin que leurs déjections tombent sans qu’il soit nécessaire de nettoyer la porcherie. Les déjections fermentent et créent du gaz et c’est pour cela que les porcs sont nourris aux antibiotiques, l’ambiance étant propice à la propagation de maladies. Cela est très problématique pour les nappes phréatiques.

Et tout est fait pour que le cochon ait le moins de gras possible, juste pour ne pas avoir de couenne dans le jambon sous cellophane. Le cochon craint le froid et, dès les premières fraîcheurs, fabrique de la graisse, ce qui lui donne un petit air boursouflé. Un tiers des frais de l’élevage porcin vient du chauffage et de la ventilation ; avec un air surchauffé, les cochons ne développeront pas de gras.

Nos petits cochons domestiques nous mettent face aux contradictions de nos sociétés. Personnellement, je n’ai rien contre le fait de manger du porc, même si je ne mangerai jamais les miens. Mais c’est une question de bon sens : il faut arrêter de délaisser la multiculture et vivre plus près de la terre.
 

Source : Pierre Ristic – (Le Nouvel Obs)

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