Le marché en or des animaux de compagnie

Le marché en or des animaux de compagnie

Le 08/02/2012

Des pâtées et des croquettes, bien sûr, mais aussi de plus en plus de services sophistiqués et d’accessoires délirants : le business des toutous et des minets ne connaît pas la crise.

L’an dernier, même au royaume des toutoumaniaques, l’affaire a fait scandale. A sa mort, Gail Posner, une richissime héritière américaine, a légué à ses trois chihuahuas l’usufruit de sa maison de Miami, estimée à 6 millions d’euros, et une assurance vie dotée de 2,2 millions.

Au grand dam de son fils unique, Carl, qui a immédiatement porté plainte contre les domestiques, soupçonnés d’avoir influencé la vieille dame : le testament les désigne comme gardiens des trois boules de poils, ce qui les contraindra à loger dans la villa de 23 pièces…

Un cas isolé ? Non, le Japon, l’Angleterre et même l’Allemagne sont coutumiers de ces héritages canins. En France, on en est encore loin. Mais pour combien de temps ? «Malgré la crise, l’engouement pour les animaux de compagnie est une tendance lourde partout dans le monde», affirme Lee Linthicum, analyste chez Euromonitor International.

Chez nous, près d’un ménage sur deux en possède un (dont 11 millions de chats et près de 8 millions de chiens). Ils n’étaient qu’un sur trois il y a vingt ans. Davantage de maisons individuelles et de temps libre, plus de personnes seules aussi… Les causes de cet amour pour les compagnons à quatre pattes sont nombreuses. Résultat : les Français ont dépensé 4,5 milliards d’euros pour eux en 2010, soit 50% de plus qu’en 1990.

Et d’abord pour remplir leur gamelle : à elle seule, la nourriture représente les deux tiers de ces dépenses. Mais fini le temps de nos grands-mères où on laissait aux chiens et aux chats restes de midi, mou et os. D’après le cabinet Xerfi, 80% des propriétaires achètent de la nourriture industrielle. Pain bénit pour les deux mastodontes du secteur, le suisse Nestlé (Purina, Gourmet, Felix, Friskies, Fido) et l’américain Mars (Royal Canin, Frolic, Sheba, Pedigree).

Ils ne le crient pas dans toutes les niches, mais le business du «pet food» est, de loin, leur plus rentable. Les marges y frôlent les 20%. Granulés d’hiver ou d’été, pour animaux à poils ras ou longs, jeunes ou vieux, petits ou gros, castrés ou pas, tous les segments et sous-segments de marché sont bons pour justifier des prix au kilo supérieurs à ceux de la nourriture pour bébé, malgré un grand flou sur les ingrédients. Et se permettre, en télé, des pubs dont le coût et la logistique n’ont rien à envier au secteur du luxe.

S’il n’y avait que les croquettes… Comme leurs maî¬tres, nos 65 millions d’amis meurent de plus en plus vieux et exigent de plus en plus de soins. «Les dépenses vétérinaires ont explosé de 72% en dix ans, pour atteindre 470 millions d’euros en 2010», précise Jérôme Salord, P-DG de la première mutuelle pour animaux, SantéVet.

L’industrie pharmaceutique se frotte les mains : outre-Atlantique, les ventes de psychotropes pour chiens et chats déprimés atteignent 4 milliards d’euros par an.

Et le plus délirant de ce «pet business» reste à venir. Psys, clubs de gym, bijoux, sites de rencontres, chirurgie esthétique… à voir ce qui se passe aux Etats-Unis et au Japon, les filons semblent aussi innombrables qu’improbables. Certains entrepreneurs tricolores l’ont déjà compris…

Source : Capital

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