Fumer nuit à la santé, y compris celle des singes

Fumer nuit à la santé, y compris celle des singes

Le 07/08/2012

Un orang-outan femelle est actuellement en cure de désintoxication sur un îlot désert. Accro au tabac, la respectable dame présente tous les stigmates de la dépendance. Une toxicomanie animale bien connue des fabricants de cigarettes.

"Promis, demain, j'arrête."

Pas d’autre solution que l'isolement pour Tori. L'orang-outan femelle de 13 ans du zoo de Taru Jurug, à Solo [Java-Centre] en Indonésie, est accro à la nicotine. Elle fume comme un pompier et sait parfaitement comment s'approvisionner auprès des visiteurs qui voient en elle un porte-parole de leur passion tabagique. De fait, quelle meilleure preuve que cet animal fumeur pour montrer que la consommation de cigarettes est une chose naturelle ? Par conséquent, un îlot à l'écart des hommes pour désintoxiquer Tori, voilà ce qu'il faut.

L'orang-outan femelle vient donc d'être transférée avec son compagnon, Didik, sur un petit terrain entouré d'eau. D'après leurs gardiens, les deux animaux s'adaptent bien à leur nouvel environnement. Toutes les tentatives précédentes de désintoxication de Tori ont échoué. Ses gardiens ont tout essayé : régimes divers, distractions de toutes sortes, et même punition. Rien à faire. Tori fumait cigarette sur cigarette, tout comme ses parents et bien d'autres pensionnaires de zoos malaisiens et indonésiens.

"Les visiteurs qui distribuent des mégots aux animaux représentent un gros problème pour nous, explique Lilik Kristianto, directeur du zoo de Taru Jurug. Ils trouvent tellement drôle de voir un singe fumer qu'ils ne respectent ni les panneaux ni les interdictions des gardiens." Tori a commencé à fumer à l'âge de trois ans. Depuis quelques années, elle enchaîne les cigarettes les unes derrière les autres comme le cow-boy de Marlboro. Elle réclame son dû aux visiteurs en plaçant deux doigts devant sa bouche et n'hésite pas à exprimer son mécontentement devant ceux qui ne veulent pas partager.

Les effets physiques et psychiques de l'addiction à la nicotine sont beaucoup mieux connus chez les singes que chez l'homme car les primates, comme les petits singes rhésus, servent souvent d'animaux de laboratoire. Cela fait des dizaines d'années que les fabricants de cigarettes comme Philip Morris étudient l'effet de la cigarette sur les organismes des macaques, des chimpanzés, des chiens ou des rats.

Plus vite accro que les humains

La nicotine produit le même effet chez les singes que chez l'homme, à une différence près : les ravages du tabac apparaissent généralement plus vite et sont plus sévères sur ces organismes plus petits. La nicotine élève la fréquence cardiaque et la pression sanguine, elle a un effet stimulant et apaisant, et elle crée rapidement une dépendance. Comme chez l'homme, les singes – qui nous sont biologiquement le plus apparentés – ne sont pas égaux face au tabac : certains ont besoin de leur dose quotidienne après seulement quelques cigarettes tandis que d'autres peuvent fumer plusieurs paquets sans devenir dépendants.

Les travaux des chercheurs de l'université de Wake Forest en Caroline du Nord [Etats-Unis] montrent que, chez les singes, ce sont surtout les individus les moins forts qui développent cette dépendance. C'est la conclusion à laquelle est parvenue une équipe de chercheurs américains après avoir étudié un groupe de macaques de Java – réputés pour leur organisation hiérarchique sévère – dans des conditions de stress. Les animaux avaient le choix entre deux mangeoires : l'une contenant du fourrage, l'autre de la cocaïne. Résultat : ceux placés le moins haut dans la hiérarchie délaissaient beaucoup plus souvent l'option saine et nourrissante que leurs congénères mieux placés.

Dans les zoos aussi, certains animaux tombent rapidement sous l'emprise de la cigarette tandis que d'autres la rejettent. Dans les laboratoires, l'addiction des singes rhésus à la nicotine doit d'abord être provoquée par une accoutumance au sucre durant plusieurs semaines. Les chimpanzés et les orangs-outans, eux, n'ont besoin que du mauvais exemple des hommes : ils singent le comportement des visiteurs fumeurs et finissent par développer le même goût qu'eux pour la cigarette. "Les orangs-outans sont des animaux très intelligents. Ils imitent ce qu'on leur montre", explique le directeur d'un zoo malaisien où les singes miment avec enthousiasme les visiteurs fumeurs. Tori aussi a appris à fumer. Son compagnon, lui, est resté scrupuleusement non-fumeur et récupère tous les mégots de l'enclos pour les renvoyer aux visiteurs.

Source : Courrier International

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