Berger d’Anatolie

Berger d’Anatolie

Le berger d’Anatolie est une race de chiens originaires, comme leur nom l’indique, du plateau d’Anatolie en Turquie où le climat est de type continental, c’est-à-dire très chaud en été et très froid en hiver. La Fédération cynologique internationale le reconnaît sous le nom de Çoban Köpeği.

Utilisation : A l’origine, cette race était utilisée pour la garde des moutons ; dur au travail, il supporte la chaleur et le froid extrême. Actif .

Classification F.C.I. : Groupe 2 Chiens de type Pinscher et Schnauzer – Molossoïdes – Chiens de montagne et de bouvier suisses et autres races. Section 2.2 Molossoïdes, type montagne. Sans épreuve de travail.

Le Berger d’Anatolie est un chien de garde des troupeaux très ancien. Il descend probablement des chiens de chasse puissants qui existaient en Mésopotamie. La race a évolué au cours des temps pour satisfaire une série spécifique de circonstances. Celles qui ont eu le plus d’influence sur la formation de la race sont le climat (étés très chauds et très secs, hivers très froids), la façon de vivre des populations (sédentarisées, semi-nomades, nomades) et le travail que l’on demande aux chiens (ils assurent la garde des troupeaux qui se déplacent sur de grandes distances sur le Plateau central de l’Anatolie). Les chiens sont dehors par tous les temps.

Aspect général

De forte taille, bien planté, grand, puissant de construction ; chien de garde des troupeaux, à la tête large et forte, doté d’un poil double et dense. Il doit être à la fois grand et vigoureux. Il peut être très rapide.

* Proportion importante : le museau est légèrement plus court que le crâne.
* Comportement et caractère : sage et hardi, sans agressivité, de nature indépendante, très intelligent et docile, fier et sûr de lui. Fidèle et affectueux pour ses maîtres, mais méfiant envers les étrangers quand il est adulte.

Région faciale

* Truffe : noire, sauf chez les chiens dont la robe est de couleur foie (marron).
* Museau : le museau s’amenuise très légèrement à l’extrémité.
* Lèvres : très légèrement pendantes ; leur bord est noir. Le bord de la lèvre supérieure ne descend pas plus bas que la ligne inférieure de la mandibule ; commissure des lèvres serrées.
* Mâchoires et dents : Dents fortes, présentant un articulé parfait en ciseaux, c’est-à-dire que les incisives supérieures recouvrent les inférieures dans un contact étroit et sont implantées bien d’équerre par rapport aux mâchoires.
* Yeux : plutôt petits par rapport à la dimension du crâne, bien espacés et bien enfoncés dans l’orbite ; la conjonctive n’est pas visible.
* Couleur : doré à brun selon la couleur de la robe. Bord des paupières noir sauf chez les chiens de couleur foie (marron).
* Oreilles : de grandeur moyenne, triangulaires, arrondies à l’extrémité, elles tombent contre les joues ; elles se relèvent quand le chien est attentif .
* Cou : légèrement galbé, puissant, musclé, de longueur modérée, plutôt épais.
* Léger fanon

Corps

Puissant, bien musclé, sans graisse superflue.

* Ligne du dessus : horizontale, légèrement harpée à la hauteur du rein.
* Dos : plutôt court, par rapport à la longueur des membres.
* Poitrine : bien descendue jusqu’à la hauteur des coudes ; côtes bien cintrées, cage thoracique de longueur suffisante.
* Ligne du dessous : ventre bien rentré.
* Queue : longue, atteignant le jarret. Attachée relativement haut, au repos elle est portée bas et légèrement incurvée ; quand le chien est attentif, elle est portée haut avec l’extrémité enroulée sur le dos, spécialement chez les mâles.

Membres

* Membres antérieurs : biens séparés, droits, de bonne longueur et dotés d’une bonne ossature.
* Épaule : bien musclée, omoplate oblique.
* Coudes : au corps, ils jouent librement.
* Métacarpes : solides ; vus de profil, légèrement inclinés.
* Membres postérieurs : puissants, musculature pas trop épaisse. Vus de derrière les postérieurs sont d’aplomb.
* Cuisse : longue.
* Articulation du grasset : bien angulée.
* Pieds : solides, avec les doigts bien cambrés. Ongles courts. Coussinets épais.

Allures

Démarche remarquablement unie sans déplacement vertical du corps, de la tête et du cou, mouvement souple et de grande amplitude, donnant une impression de grande puissance comme un félin à l’approche de sa proie. L’amble est admis aux allures lentes. Les allures raccourcies ou relevées sont très répréhensibles.

Robe

* Poil : Court ou demi-long, dense avec un sous-poil épais ; variations importantes dans la longueur selon le climat ; plus long et plus fourni au cou, aux épaules et aux cuisses. Le poil tend à être plus long en hiver.
* Couleur : toutes les couleurs sont admises.

Taille et Poids

* Hauteur au garrot :
mâles 74 – 81 cm
femelles 71 – 79 cm.
* Poids :
mâles 50 – 65 kg
femelles 40 – 55 kg.

Défauts

Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité.

Défauts graves :
* Près de terre, lourd et lent, trop massif ; de construction trop légère, levretté.
* Crâne plat.
* Allures relevées, allures raccourcies, raides.

Défauts éliminatoires :
* Museau trop court (un tiers de la longueur totale de la tête).
* Prognathisme supérieur ou inférieur.
* Poil très court et lisse, sans sous-poil.

Caractère

Le Berger d’Anatolie est connu pour être "le chien le plus puissant du monde". Dans les plaines d’Anatolie, il n’hésite pas à s’attaquer aux loups qui s’approchent trop près du troupeau. Les bergers turcs reconnaissent que trois Bergers d’Anatolie suffisent à écraser une meute d’environs cinq loups et à en tuer un ou deux ; ces chiens sont d’autant plus redoutables qu’ils combattent l’ours.

Le Berger d’Anatolie possède une mâchoire extrêmement puissante ; la résistance de son corps aux coups et blessures, sa force de combat sont largement supérieures aux autres grands chiens. En Afghanistan, dans des tournois de combats d’animaux, un Berger d’Anatolie spécialement entraîné pour le combat a réussi à terrasser un lion âgé de zoo.

Histoire

Depuis des siècles, le paysan turc des hauts plateaux anatoliens dépendait en partie de l’élevage pastoral pour assurer sa subsistance. Face aux attaques des loups, des ours et autres animaux, il a donc naturellement utilisé et sélectionné les meilleurs chiens pour la sécurité de son cheptel. Au fil des générations, le souci constant de posséder un chien puissant et courageux se joint à la sélection naturelle qui éliminait les spécimens les plus fragiles. Ces exigences ont amené à forger une race de chiens capables de tuer des loups ou de s’attaquer à des ours : le Berger d’Anatolie, par la sélection de la nature, était le seul chien répondant à ces exigences et les bergers turcs ne s’en séparèrent plus.

Selon les historiens turques, le Berger d’Anatolie était pour la première fois utilisé au palais du sultan ottoman Murat IV (1623-1640) comme simple chien de garde. Le Berger d’Anatolie s’est illustré alors que celui-ci rencontra accidentellement le lion fétiche du palais. Les deux animaux s’observèrent puis se jetèrent dans un combat fort spectaculaire qui éveilla tout le palais. Le sultan, ébahi, insista pour voir ce duel de près.

Fort stupéfait, le sultan ordonna que les Bergers d’Anatolie soient immédiatement incorporés dans l’armée impériale turque. L’historien turc Evliya Çelebi (1834) mentionna : "des chiens aussi forts que des lions furent utilisés dès le XVIIe siècle par les troupes d’élite du sultan (janissaires)".

L’époque ottomane (XV – début XXe siècle) ne semble pas avoir apporté de modification majeure dans la répartition des races de Bergers d’Anatolie. Si les cadres de l’aristocratie chassaient avec le lévrier turque, le "Tazi ", l’armée et particulièrement les Janissaires utilisaient des Bergers d’Anatolie très réputés dans le pays. Les archives historiques montrent qu’au XVIIe siècle on distinguait deux races de grands chiens de berger. L’une surnommée le chien de Samsun fut particulièrement appréciée des troupes d’élite de l’armée du Sultan ; en effet, il fut créé, au sein des Janissaires, une unité baptisée "Samsunji"qui élevait et dressait "… des grands chiens-lions… pesant jusqu’à 150 kilos", "…capables d’abattre des hommes de leur chevaux…".

Enfin, les cadres subalternes de l’aristocratie de l’Empire Ottoman, les Derebeyi ou petits seigneurs féodaux, ont eux aussi contribué à la promotion du Berger d’Anatolie soit pour leur propre sécurité soit pour celle des populations sous leur égide.

Un autre point de vue sur l’histoire

Le pays d’origine des turcs est l’Asie centrale. Les populations des pays comme l’Azerbaïdjan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan et le Kirghizistan appartiennent au rameau turc de la famille ethnolinguistique altaïque. Il faut y ajouter le Turkestan oriental qui aujourd’hui est une république "autonome" au sein de la Chine. Sur leur territoires d’origine constitués d’immense steppes, délimités par les Urals et le lac Balkhach au nord, les Altaï à l’est, l’Hindu Kush au sud et la mer Caspienne à l’ouest, les Turcs ont écrit l’histoire de l’une des premières communautés pastorales connues dont l’activité principale, pour ne pas dire unique, était l’élevage ovin.

Ces nomades turques, appartenant essentiellement aux tribus Oghouzes, passaient leur vie sur ces vastes steppes à la recherche de pâturages verts. Les fêtes, les guerres, la vie sociale, le quotidien tournaient autour de l’élevage.

À partir du Xe siècle, à la suite d’une assez longue période de sécheresse, les pâturages existants n’étaient plus en mesure de faire face à la démographie montante. À la même époque, la pression mongole se faisait de plus en plus sentir sur ces tribus. Contraintes et forcées, elles commencent leur migrations vers l’ouest à la recherche de nouveaux pâturages.

Pendant 250 ans, ces tribus ont marché vers l’ouest par vagues successives et se sont installées un peu partout entre l’Asie centrale et l’Anatolie. La défaite des byzantins en 1071 contre les seljoukides, peuple turque de la branche oghouz, à Malazgirt à côté du lac Van a définitivement ouvert la porte de l’Anatolie à ces tribus. La migration vers l’ouest s’est donc poursuivie à plus grande échelle.

Ces migrations n’étaient pas uniquement de simples déplacements d’individus, il s’agissait, en fait, de la transplantation d’une culture, d’un mode de vie d’une région à une autre. Dans ces déplacements de masse vers l’Anatolie, ces tribus ont emmené trois éléments de leur culture sans lesquels ils ne pouvaient pas perpétuer le mode de vie qui leur était propre depuis toujours :
– le cheval ;
– le mouton ;
– le chien.

L’Anatolie était une destination de prédilection car les steppes du haut plateau anatolien ressemblaient aux grandes steppes de leur patrie d’origine en Asie centrale. Les hommes, les chevaux et les chiens n’ont éprouvé aucune difficulté d’adaptation.

De toute façon, il est impensable de se lancer dans une telle aventure avec femmes et enfants, avec chevaux et milliers de moutons, sans chiens de protection contre les prédateurs et les brigands.

On peut conclure que, tous les chiens de berger de turquie sont issus de chiens qui ont fait ce grand voyage jusqu’au cœur de l’Anatolie avec les tribus auxquelles ils appartenaient.

 

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Berger d’Anatolie de Wikipédia en français (auteurs)

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